Réalisation
d'un commutateur audio hi-fi : la refonte complète !
«Vingt fois sur le métier remettez votre
ouvrage» (Nicolas Boileau)
Voici un montage, prévu comme animation dans le projet de
musée, qui a été réalisée en 2012. Cela fonctionne avec un
magnétophone
à bandes et permet d'animer automatiquement une réplique d'un
"show-room" ou "auditorium" hi-fi façon années 70. Un bande de
démonstration
sonore est lue et en fonction des passages musicaux, le signal est
envoyé sur différents couples amplis-enceintes.
Il est possible d'avoir plusieurs bandes différentes, par exemple
commentées en différentes langues.
Cela fonctionne bien, et a été décrit ici (5
pages en tout).
Mais voila ...
En 2012, le choix de la source sonore avait été fait avec un
magnétophone à bandes quadriphonique : 2 pistes pour le signal audio
stéréo, et une piste pour les impulsions de synchronisation.
Ce choix
était logique, car à l'époque il n'y avait pas d'autres sources
autonomes,
facilement pilotables, et de
qualité suffisante pour cette application. Bien sur, il existait déjà
des baladeurs MP3, mais ils auraient demandé forte adaptation de leur
électronique et procurent une qualité audio non compatible avec ce qui
était souhaité ici.
La première version des modules sonores SOMO,
utilisés pour le simulateur radio sous
l'occupation, étaient monophoniques et utilisaient
un format audio de qualité assez faible. Pas plus que des baladeurs
MP3, cela n'aurait pas convenu pour
cette réalisation-ci, qui demande une grande qualité de reproduction.
Puis la seconde version de ces modules
SOMO est arrivée, et ils
sont maintenant d'une qualité sonore tout à fait excellente puisqu'ils
lisent les fichiers audio en qualité CD (format WAV) !
Ils ont
été utilisés avec succès dans le sélecteur
audio et dans ces animations-ci (pas
encore décrites sur ce site).
Dès lors, il devenait possible de "refondre" ce montage-ci,
pour
le
rendre totalement autonome, sans devoir utiliser un magnétophone
externe...
Le module SOMO contiendra les
pistes sonores, et deux mémoires
RAM statiques contiendront les séquences de commutations des sorties
audio vers
les
différents amplis. Il sera possible dès lors de programmer les
commuations, en écrivant dans les mémoires.
Il faudra donc ajouter des
boutons de sélection des pistes sonores sur la face avant. Et aussi,
tant qu'à
faire,
prévoir une télécommande filaire.
Il est prévu de pouvoir lancer 4
pistes avec les boutons, en différentes langues (FR, EN, NL, DE), mais
aussi de pouvoir lancer deux autres fichiers sonores contenus dans la
mémoire du SOMO, par exemple pour musique de fond.
Une sortie audio
spécifique pour ces deux fichiers sera prévue et inhibée lors de la
lecture d'une des 4 pistes de démonstration.
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Voici le schéma synoptique de cette nouvelle version.
Le plus grand changement par rapport au montage initial
étant, bien sur, de ne plus avoir de système de codage pour
enregistrement sur bande, mais bien des mémoires en lieu et place.
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Les parties conservées du montage d'origine sont
l'alimentation, la platine des sélecteurs audio et la platine clavier /
affichage. Elles n'ont subi que des modifications mineures pour
adaptation à une tension de commande en 5V DC. La platine
des interfaces lumières n'a pas été modifiée du tout.
Les deux anciennes platines de codage et décodage sont
elles remplacées par une platine audio (avec le SOMO et sa logique de
commande) et une platine de mémoires.
Plusieurs boutons et témoins sont ajoutés sur la face
avant du rack, pour sélection / arrêt lecture des pistes sonores, ainsi
que
des LED de visualisation de la lecture en cours.
La logique de sélection des pistes est constituée d'une
série de bascules set-reset et de portes logiques, d'un codeur
décimal vers binaire, ainsi qu'une série d'interrupteurs analogiques
pour la sélection des pistes.
Voir la page
consacrée aux SOMO pour le
fonctionnement de ce type de sélection des pistes sonores sur le SOMO.
Les sorties audio du SOMO passent par un filtre
passe-bas (non représenté) puis vont vers la platine des sélecteurs
audio, existante. Une sortie stéréo commutée est prévue aussi pour
envoyer le son sur des sorties pendant la lecture de certaines pistes.
La sortie "BUSY" (occupé = lecture en cours) du SOMO est
utilisée
ici pour synchroniser un compteur binaire, qui va piloter 12 des 15
lignes d'adresses des
mémoires RAM. Lorsque le SOMO passe en lecture, le compteur est
démarré, son horloge provenant d'une base de temps à quartz. Ce
compteur change d'état tous les 1/4 de secondes et fait "avancer" les
lignes d'adresses des mémoires, permettant une commutation des sorties
à chaque quart de seconde.
Le compteur d'adresses dispose de 12 bits, cela fait
4096 combinaisons binaires. Comptées tous les quart de secondes, cela
fait donc 1024 secondes disponibles par piste de démonstration, soit un
peu plus de 17 minutes, ce qui est bien assez !
Les 3 lignes d'adresses restantes sur le bus d'adresses
des mémoires RAM vont permettre la sélection de 8 plages de mémoires
différentes,
une par piste sonore. Comme ici il y a 6 pistes seulement, une partie
de la zone mémoire (un quart) ne servira pas. Cela permettrait
d'ailleurs d'étendre le montage à 8 pistes sonores si nécessaire...
Les signaux de commande des RAM (OE, CS et WE) sont eux
aussi pilotés par le signal BUSY, mais aussi par un commutateur de mode
: lecture, test ou enregistrement.
Les lignes de données des RAM servent à piloter
les sorties audio, et sont connectées aussi aux sorties du clavier de
commande pour la programmation. Les mémoires RAM utilisées sont du type
statique, permettant une sauvegarde de leurs données par pile ou accu.
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La construction devant être modifiée, il faut commencer
par le démontage de l'existant...
Démontage du panneau de fond, auquel est fixé la carte
des commutateurs audio.
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Travaux violents : percement de la tôle de fond sans
rien abîmer... Ajout d'une prise DIN 8 broches pour la télécommande
filaire.
Une fois les trous faits, marquage au "transferts" et
placement de la prise DIN.
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Une bonne partie de l'électronique d'origine est
conservée, mais les deux platines codage / décodage seront remplacées.
Les voici démontées du rack...
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Ces deux platines vont donc être remplacées par des
nouvelles, de même dimensions.
Une des nouvelles (platine audio) contiendra le SOMO et
sa commande, la
seconde les mémoires et leur logique de pilotage (platine mémoires).
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Le démontage continue !
Enlèvement de la façe avant, puisqu'il faut y ajouter
des
commandes.
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L'avant de ce rack est constitué de deux tôles. La noire
est visible et la seconde (à l'avant plan) permet de fixer des éléments
sans devoir percer des trous de vis dans la face visible.
Une fois le circuit imprimé démonté de la tôle arrière,
les percements peuvent commencer.
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Les deux tôles sont percées en même temps (attachées
l'une à l'autre), précautionneusement.
Voila qui est fait, suivi par le marquage. On peut tout
remonter !
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Voila, la façade est remontée sur le boîtier, avec les
commandes et signalisations ajoutées. L'interrupteur à clef permet de
verrouiller l'enregistrement dans les mémoires.
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Un peu de filerie provient de ces nouvelles commandes,
voici l'extrémité, avec connecteurs sertis.
Cet ensemble de connecteurs
à sertir (achetés sur Ebay)
est vraiment utile !
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Les deux nouvelles cartes sont en place, exactement ou
les anciennes se trouvaient. Les composants ayant une place précise
sont déjà montés dessus.
La platine de gauche sera celle avec l'audio (le support
du SOMO, en hauteur, est déjà en place), celle de
droite sera celle avec les mémoires.
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La platine audio est quasiment terminée sur la photo
ci-contre.
La partie contenant les circuits basse fréquence (filtre
passe bas et préampli-tampon) est séparée du reste par un petit
blindage. Utile ? Ou pas ? Cela ne mange pas de pain et ne peut pas
faire de tort de toutes façons, autant le prévoir dès le départ...
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Voici le schéma de la platine audio (sans la basse
fréquence, voir ci-dessous).
IC3, 4 et 5 sont câblés en bascules R-S pour les touches
de sélection des pistes. IC6 sert pour la commande des LED en face
avant, affichage de la piste en cours (uniquement pour les 4 pistes de
démo, pas de LED pour les deux autres pistes). IC7C et IC7D provoquent
un reset des bascules quand une autre touche de sélection est enfoncée.
IC2 est le codeur décimal - binaire.
Le fonctionnement de ces circuits de commande est décrit
sur la page utilisation des SOMO...
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Voici le second schéma de la platine audio: la basse
fréquence.
Les sorties audio du SOMO passent dans un filtre
passse-bas actif, basé sur des LF356. Les sorties de ce filtre vont
vers la platine de
sélection audio, et vers un commutateur anaologique type 4053. Les
sorties du 4053 sont tamponnées par des amplis opérationnels puis
envoyés vers des fiches à l'arrière du coffret. Le commutateur 4053 est
activé pendant la lecture des pistes de musique de fond, et désactivées
pendant l'usage d'une des 4 pistes de démonstration.
La raison d'être du filtre est expliquée sur la page utilisation des SOMO...
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La platine audio est en place dans le rack, totalement
terminée. Il y a un connecteur entre cette platine et celle qui va
contenir les mémoires : pour les signaux de synchronisation audio /
mémoires.
Le fonctionnement est bon et le son d'excellente
qualité, avec le filtre basé sur des LF356.
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La platine des mémoires, au début de son assemblage.
Elle contient déjà les connecteurs, le support pour la pile de
sauvegarde, et les supports pour les 4 IC pilotant les sorties.
Le plus difficile dans l'utilisation des mémoires est de
générer les bons signaux de commande de celles-ci, particulièrement le
WE (write enable) pendant l'enregistrement. Ce signal doit apparaître
uniquement quand les adresses sont stables, donc pas exactement au
moment du changement d'état du compteur. Il va falloir des
temporisations !
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Montage en cours et premiers essais des signaux de
commande. Dans le petit blindage se trouve le générateur à quartz, sur
base d'un
compteur 4060, qui va en diviser la fréquence. Ceci va piloter le
compteur binaire d'adresses des RAM. Un
circuit 4098 (double monostable) va générer le signal d'écriture dans
les RAM (write enable, WE).
Ci-contre, le montage mis sous tension et avec des
connexions de mesure sur les pattes des circuits intégrés !
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Voici les signaux. Trace 1 (du dessus), le bit de poids
le
plus faible du compteur d'adresses.
La trace du dessous (3) montre le signal WE qui sera
utilisé
en mode écriture. Il est retardé par rapport au changement d'adresses.
La trace du milieu (2) montre la sortie de la première
temporisation, qui commande celle qui génère le signal WE. Sur la photo
ci-contre, elle est vue avec un décalage temporel sur le flanc
montant (synchro entre l'appareil photo et le balayage sur le scope
?)...
Ce bon vieil oscilloscope HP
rend encore
des bons services, avec ses 4 pistes et sa
base de temps pouvant être très lente... Ici il sert plutôt d'analyseur
logique...
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Le schéma de la platine des mémoires.
IC1 est le compteur d'adresses et son horloge provient
de IC2 qui est cadencé par quartz. Les remises à zéro de ces deux
compteurs sont provoquées par l'absence du signal BUSY, donc quand le
SOMO ne lit pas de piste musicale.
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Le signal CS (Chip select) des mémoires est une
combinaison AND (IC3B) des signaux "no-init", et "no-test". Donc tant
que
l'ensemble est en cours d'initialisation après mise sous tension, les
mémoires ne sont pas actves. Pareil en mode test (qui permet de choisir
des sorties uniquement par le clavier, sans usage des mémoires).
Le signal OE (output enable) des mémoires est une
combinaison AND (IC3C) des signaux "no-init" et "busy" et "lecture". Il
n'y a
donc qu'en mode lecture et pendant la lecture réelle d'une piste par le
SOMO que les sorties des RAM sont actives. En mode test ou
enregistrement, elles ne sont pas actives.
Le signal WE (write enable) des mémoires est une
combinaison AND (IC3A) des signaux "busy" et "enregistrement" et
l'impulsion
générée par les temporisations (voir 3e trace de l'oscillogramme
ci-dessus). Il
n'y a donc qu'en mode enregistrement et pendant la lecture d'une piste
par le
SOMO que les mémoires peuvent être enregistrées.
Les deux temporisations pour le signal WE sont
générées par IC10.
IC10A génère une impulsion à chaque
flanc descendant de l'horloge de IC1.
IC10B génère une courte impulsion
au flanc montant de l'impulsion générée par IC10A. La sortie de IC10B
est celle qui est visible sur la trace 3 de l'oscillogramme.
Ces trois signaux de commande des RAM fonctionnant en
logique inverse (0 =
fonction active), les sorties des portes AND (IC3) sont inversées par 3
transistors NPN.
Pourquoi ne pas avoir choisi plutôt des portes NAND
intégrant l'inverseur en sortie, plutôt que d'installer 3 transistors
et 3 résistances ? La raison est simple. Les données
écrites dans les mémoires sont sauvegardées par une pile, ce qui est
faisable avec des RAM statiques.
Pour que la
consommation des RAM soit la plus faible possible (et donc que la pile
ne s'use pas trop vite), il faut maintenir ces entrées à l'état logique
1 quand la
tension d'alimentation de l'ensemble du circuit est coupée. Les 3
résistances de "pull-up" de ces 3 entrées
sont connectées au + du circuit sauvegardé par la pile.
Dès lors, quand
l'alimentation est
coupée, les
transistors ne sont plus commandés et donc les 3 entrées des RAM sont
maintenues à
l'état
logique 1 par la pile, via les 3 résistances. Les mémoires sont ainsi
inactives et ont une consommation résiduelle très faible.
En utilisant des portes
NAND pour la commande, l'état de ces entrées aurait été "en l'air"
(donc indéfini) en
l'absence de l'alimentation.
Les adresses A12, A13 et A14 des RAM sont commandées par
la logique de sélection des pistes audio, pour sélectionner une zone de
mémoire active par piste sonore.
Les lignes de données des RAM pilotent les sélecteurs
audio, les LED d'affichage en face avant et les interfaces lumière par
l'intermédiaire de portes AND IC6, 7, 8 et 9. Ces portes sont actives
uniquement après l'initialisation des circuits à la mise sous tension.
Ces lignes de données sont également reliées aux sorties du circuit de
clavier de tet/ programmation, via des résistances. Ces résistances
(R20 à R35) servent à éviter de claquer les sorties des RAM pendant la
lecture, puisque les sorties du clavier peuvent être soit à zéro soit à
un (elles n'ont pas d'état haute impédance).
L'alimentation des RAM se fait par la double diode D1,
franchement surdimensionnée pour l'usage ici mais qui a l'avantage
d'une très faible chute de tension entre anodes et cathode. Lorsque le
circuit n'est plus
alimenté, les RAM le restent par la pile, via une des deux diodes de D1.
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La platine des mémoires terminée et mise en place dans
le rack. Le câble en nappe bleu est celui des sorties du clavier, vers
la platine des mémoires.
La pile de sauvegarde des RAM est en place aussi, dans
son support. Tout fonctionne fort bien !
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Le remontage continue avec la remise en place de la tôle
de fond et de la grande platine des sélecteurs audio.
Cela prend forme... Revoir aussi les anciennes pages de
ce projet pour plus d'infos sur la platine des sélecteurs audio, de
l'interface lumères et de l'alimentation...
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L'intérieur du rack, vu de haut...
Le long câble en nappe gris est celui qui relie les
sorties des mémoires à la platine de sélection audio et à celle de
l'interface lumières...
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Voila la boîte refermée, plus qu'à prendre les
poussières sur le couvercle !
Pour
éviter les fausses manoeuvres, un commutateur à clef est inséré dans le
mode enregistrement, sir la clef n'est pas présente il n'est pas
possible de modifier la programmation.
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L'arrière du rack a peu changé par rapport à la
réalisation initiale, excepté l'ajout de la prise DIN pour télécommande.
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Ah ben oui, sans doute encore une réalisation qui aurait
été simplifiée par l'usage d'un circuit programmable...
Sans doute,
peut-être...
Mais ici il faudrait tout de même les commutateurs
et étages audio de sortie, l'interface lumières, le clavier, le module
SOMO. Et un processeur avec assez de mémoire pour mémoriser les
séquences, et assez d'entrées-sorties...
Disons que le seul
inconvénient de ce montage est d'utiliser
des RAM, dont il faudra de temps à autre remplacer la pile de
sauvegarde.
Voila, ce qui était au départ une belle réalisation mais
complexe (tant sur le plan électronique qu'à l'usage), a été un peu
simplifiée pour devenir autonome. Ce sera une
belle attraction pour le futur
musée!
Ne reste plus qu'à réaliser les 4 pistes sonores, en
différentes langues, et programmer ensuite les séquences dans les
mémoires.
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© Radiocollection.be, Thierry Magis 2013-2020
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La première
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