Dépannage
d'un oscilloscope HP 54503A.
Le dépanneur en panne ... Voila que mon oscilloscope
préféré ne fonctionne plus (novembre 2010) suite à quelques mois sans
utilisation !
Symptômes : S'allume toujours mais
n'accède plus à aucun menu ni à aucune image normale, affiche juste un
message d'erreur. Parfois le buzzer interne fonctionne au moment de
l'allumage.
Ma première crainte en constatant ce défaut fut que les
EPROM soient défectueuses, car ces composants peuvent perdre leur
contenu après 15 à 20 ans. Et cet appareil a un certain âge.
Heureusement, après avoir ôté le capot, j'entend l'alimentation faire
de drôles de bruits (tchik-tchik-tchik...)!
«Cela devrait être réparable sans trop de soucis» ai-je
pensé ... Si j'avais su !
Clic sur les photos pour les voir en plus grand dans une
autre fenêtre...
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Une fois le capot supérieur enlevé, on découvre
une électronique complexe. Le bloc d'alimentation se trouve dans le
flux d'air du ventilateur, ce qui est bien sa place. Contre la paroi de
gauche se trouve la commande et l'alimentation du tube CRT, et au fond
du boîtier la platine de gestion occupe tout l'espace.
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On distingue mieux l'intérieur de l'appareil une
fois le bloc d'alimentation enlevé...
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Vue du dessus : la platine principale est visible.
Sur la gauche, toute la partie microprocesseur et sa périphérie
(mémoires, entrées / sorties, ...). Sur la droite les atténuateurs
d'entrées et les convertisseurs A/D. Cet appareil comporte 4 canaux de
500MHz.
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Une vue sur le microprocesseur : c'est un 68000.
Choix logique pour l'époque ou cet appareil a été conçu, la fin des
années 80. Les données utilisateur sont stockées dans une mémoire RAM
non volatile de Dallas Semiconductor : ces horreurs de circuits
comprenant une pile moulée dans le boîtier! 20 ans après, elles sont
devenues mauvaises évidemment!
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L'alimentation extraite de son coffret interne. Je
pensais le dépannage simple, mais... Cette carte (construite par
Boschert) est particulièrement complexe! Il s'agit bien d'une alim à
découpage mais comportant aussi des régulations classiques... De plus
la technique de commande du transistor de puissance n'apparaît pas au
premier coup d'oeil : on ne trouve pas ici les circuits classiques de
commande. Aïe !
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La panne est un «pompage» : l'alimentation démarre
puis stoppe, puis reprend, ... Généralement il s'agit d'un
court-circuit dans un des secondaires (diode, condensateur) ou d'une
défaillance du circuit de protection ou encore de l'oscillateur PWM.
Pas toujours facile à diagnostiquer dans ces alimentations car tout est
lié : en cas de souci sur le secondaire, cela a un impact sur le
primaire, et vice-versa.
Découverte visuelle: Cette
étape est nécessaire pour identifier les différentes parties et
comprendre le fonctionnement de cette alimentation.
Il semble impossible de trouver les schémas de cet
engin sur internet, cette firme semble même ne plus exister. Après
quelques premières recherches de pannes «classiques», il faut chercher
plus loin! Et vu la complexité, sans schéma ce sera difficile... Il va
falloir faire du reverse-engineering !
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Vue côté primaire. On distingue très bien le
filtre secteur (pricipalement les deux condensateurs bleus et la double
self en forme de petit transfo), le redresseur et les deux
condensateurs de filtrage (560µF). Le transistor de puissance est un
TIPL755, monté sur dissipateur. Les autres composants sont montés à
proximité. On trouve un TIP41, un 2N2222 et un unijonction 2N2647. Pas
évident de comprendre le fonctionnement de prime abord...
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Vue côté secondaire. Pas mal de condensateurs, de
grosses diodes refroidies et de selfs de filtrage : cette alimentation
donne plusieurs tensions pour les différentes parties de l'appareil.
Mais on voit aussi, curieusement, des régulateurs classiques LM350 et
des transistors MOS sur dissipateur. Seul le relevé du schéma aidera à
comprendre...
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La platine de contrôle des tensions. Un LM339
(circuit intégré 14 pattes) sert de comparateur de tensions, un LM317
(boîtier TO220 de droite) donne la tension de référence pour les
comparateurs. Un circuit «crowbar» à thyristor (boîtier TO220 de
gauche) court-circuite une des sorties en cas de dépassement de
tension, ceci pour ne pas «tuer» les utilisations en cas de défaillance
de l'alimentation.
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Vue sur les connecteurs de sortie et les plots de
tests. J'ai ajouté une diode LED rouge sur la sortie 12V pour voir le
fonctionnement. Les tensions de sortie sont nombreuses: +5,15V digital
; +3,5V analog ; -5,2V analog ; +12V analog ; -12V analog ; +12V
display ; +15,5V ventilateur. Toutes les masses (0 volt) sont communes.
On trouve aussi pas mal de potentiomètres un peu partout.
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Premiers pas dans le dépannage (novembre 2010) :
test statique de tous les semiconducteurs de puissance, désactivation
du circuit «crowbar» (pour voir si ce n'est pas lui qui provoque le
pompage),... Quelques condensateurs secondaires et de découplage
remplaçés, ...
Relevé du schéma. Il s'agit bien d'une
alimentation à découpage, mais certaines sorties (+12, -12 notamment)
sont stabilisées par des régulateurs classiques. Les condensateurs sont
très largement dimensionnés.
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C'est en testant l'alimentation via un variac et
en augmentant lentement la tension AC d'alimentation que je vois ceci :
elle démarre et est bien stable autour de 150V AC, jusque 180V environ.
Entre 180 et 230V, elle se remet à osciller ! Mes recherches se portent
alors sur le côté primaire, et je découvre un petit condensateur
céramique de 100nF défectueux ! Le 470µF de ce côté était mauvais aussi.
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Par sécurité, je décide de remplacer tous les
condensateurs électrolytiques, certains ayant un peu coulé.
Voici l'ensemble des condensateurs remplacés, sur
ma feuille de brouillon... Vous pouvez maintenant télécharger mes notes
de relevé du schéma de cette alimentation est disponible : voir la fin
de cette page.
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Mais malgré le dépannage de l'alimentation,
l'appareil ne démarre pas plus qu'auparavant, et même pire : maintenant
il n'y a plus du tout de message d'erreur! Et pourtant, toutes les
tensions d'alimentation sont bien présentes, et bien stables...
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Le combat n'était pourtant pas fini !
J'ai alors reçu des informations intéressantes d'un ancien ingénieur de
chez HP. Si le démarrage de l'alimentation n'est pas correct (décalage
d'apparition des différentes tensions), la carte-mère peut ne pas
fonctionner du tout. Ce monsieur m'a envoyé, pour essai, une
alimentation complète et testée! Vous pouvez trouver visiter sa
boutique eBay : «watronics92».
Redémarrage avec l'alimentation testée... Et
toujours le même problème, pas de démarrage ! C'est alors que je décide
de vérifier les signaux aux broches du 68000. Toutes les lignes de
données et d'adresses sont figées, alors que les alimentations,
horloge, et autres signaux sont OK. Bizarre ! En vérifiant les
alimentations des 4 circuits EPROM, il se passe «quelque chose». Un
reboot, et... Il refonctionne ! J'ai probablement fait bouger une EPROM
dans son support en travaillant dans le scope.
Je sais aussi, maintenant, que la réparation de
mon alimentation est OK et que l'absence de redémarrage n'est pas due à
mon dépannage. Ouf!
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Maintenant, la totale. L'appareil peut
refonctionner, donc il est temps de lui faire une bonne maintenance. Et
pour commencer, remplacer la mémoire NVRAM (à pile intégrée). En effet,
elle ne mémorise plus rien, et la calibration est perdue après chaque
coupure. Pour cela, il faut extraire la grande carte-mère... Sur cette
photo, la NVRAM est déjà dé-soudée et remplacée par un support 28
broches. (désolé pour la photo floue...)
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Le circuit NVRAM Dallas Semiconductor type
DS1235YW, très utilisé par HP dans cette série d'oscilloscopes. Le code
date est 8912 (12e semaine de 1989) : la pile interne aura quand même
bien tenu le coup! Ce circuit n'est plus disponible et est remplacé par
la référence DS1230Y.
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Pour travailler sur un tel circuit, les
précautions anti-statiques sont de rigueur : mise à la terre de la
platine et du fer à souder, bracelet, ...
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N'ayant pas de NVRAM Dallas neuve sous la main,
j'en ai construit une avec des composants de mon stock, pour tester. La
RAM 51256L est compatible broche à broche avec la DS1235Y. Ne reste
qu'à monter quelques composants, et une pile de 3.6V. Schéma
ci-dessous...
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Le schéma de mon montage. Les diodes assurent un
«ou» logique entre les tension alimentation ou de la pile. La
résistance de 47k maintient la broche CE à l'état haut quand
l'alimentation est coupée, ainsi la RAM ne consomme quasiment rien sur
la pile de sauvegarde. Mais ici, dans cet oscillo, «quelque chose»
maintient cette broche au niveau bas quand l'alimentation est coupée.
Tant pis, je remettrai une NVRAM! Mais ceci m'a permis de tester la
mémorisation de la calibration, et cela fonctionne !
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31 mars 2011 : Suite et fin !
Le voila réparé ! Après remise en état de l'alimentation et le
remplacement de la mémoire Dallas, sauvegarde des EPROM puis
recalibration. Cela a pris du temps, mais je suis fort content de
l'avoir sauvé. Cela fait des économies (en évitant l'achat d'un autre),
et c'est finalement une bonne expérience!
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A la fin de la calibration, les messages sont
rassurants : tout est ok ! Voila cet appareil bon pour le service à
nouveau.
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Documents :
Mon relevé du schéma de l'alimentation «Boschert»
(aussi valable pour HP54051A, HP54502A, HP54503A, Hp54504A) est
disponible ICI (fichier PDF 480ko).
NOTE (non présent sur les dessins) : la tension
Vref doit être ajustée avec R41 à 2.75V (sortie de A1, le LM317).
La copie des 4 EPROM 27C101 est téléchargeable ICI (fichier ZIP 280ko contenant
les 4 fichiers binaires).
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