Voici un magnétophone très ancien de la marque belge Carad.
Sorti en 1950, cet appareil est basé sur une mécanique
américaine de marque Brush, type BK416.
Cette mécanique est prévue en principe pour les bandes
originales de la marque "Brush" avec support papier, mais cela
fonctionne aussi avec des bandes
magnétiques ordinaires en polyester...
Pas de schéma disponible, par contre une doc de la
partie mécanique a pu être trouvée sur Internet. Cela aide un peu...
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L'appareil est présenté dans une valise de transport en
bois, recouvert d'un revêtement sythétique.
C'est robuste ! Et lourd !
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Une fois le couvercle enlevé, on peut voir le châssis
Brush, le panneau de commande à l'avant, et sur l'arrière un bloc
d'alimentation et un espace de rangement.
Les commandes mécaniques se font par le levier (genre
changement de vitesse d'une voiture) qui est à droite sur la platine.
La commande d'enregistrement se fait en enfonçant le
bouton qui est en dessous des têtes.
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Le panneau de commande est assez simple, le commutateur
permet de choisir la fonction : enregistrement, lecture ou
amplification.
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Les plateaux porte bobines sont un peu différents de ce
qu'on verra sur
les magnétophones des années 50 et 60 mais ils conviennent pour des
bobines de type standard, comme sur la photo ci-contre.
Il n'y a qu'un seul ergot de maintien ici
mais cela marche : au bout des axes se trouvent deux écrous larges qui
permettent d'immobiliser les bobines sur les plateaux.
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Le châssis se retire aisément de la valise, et sa
"charpente" métallique permet de le poser dans toutes les positions sur
l'établi.
La partie électronique est derrière le panneau de
commande. La liaison avec le bloc d'alimentation (qui comprend le
transformateur et une lampe de redressement 6X5) est faite par une
fiche octal : un faisceau de conducteurs part du châssis et aboutit sur
une fiche mâle se connectant à l'alimentation.
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Le câblage de l'électronique a été réalisé très
proprement à l'époque : l'entreprise Carad était réputée pour la
qualité de ses
constructions.
On peut voir des réparations anciennes, logique après
tant d'années...
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Posé avec la partie électronique en dessous, on voit
ainsi une partie de la mécanique, et le moteur (qui est de belle taille
et ventilé).
Belle construction, cet ensemble est fort robuste sur le
plan mécanique.
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Une lampe EF40 sur support suspendu, pour éviter l'effet
microphonique.
Et à côté un condensateur double 2x 32µF, de marque
Fribourg. Il y en a trois en tout dans cet appareil.
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Une autre vue du châssis. Le transformateur à l'avant
plan est
un transfo de sortie 7000 / 5 Ω.
Un
premier test à l'ohmmètre pour s'assurer que tout va
bien, ouf : il est intact. Le haut-parleur d'origine est installé dans
la valise et se connecte au châssis par une classique fiche Jack 6,35mm.
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Une fois la plaque de façade de la platine mécanique
ôté, le système d'entraînement est visible. La poulie centrale
est couplée directement à l'axe du moteur. Une grande courroie est
montée en "huit" et passe sur les deux grandes poulies situées sous les
plateaux porte
bobines. Le
plateau de droite a été enlevé pour la photo. Les deux grandes poulies
tournent
donc en sens opposé l'une par rapport à l'autre.
Une seconde courroie, plus petite, sert pour
l'entrainement du cabestan.
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Vue rapprochée sur les deux plateaux. A droite, le
système d'entraînement : deux feutres de grande taille servent à faire
patin d'entraînement entre la grande poulie entraînée par la courroie
et le
plateau porte bobine.
Le plateau devant être entrainé est en position basse
est donc en contact avec ces patins. Si ce plateau doit juste faire
frein, il est en position haute et les freins sont les deux petits
feutres sur lames ressorts.
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Voici les patins entraînement et freins en vue
rapprochée.
Les feutres freins sont montés sur lames ressorts,
celles ci doivent être réglées de façon à ce que ces feutres soient
plus hauts que les patins d'entraînement. Ainsi quand le plateau est
surélevé, il ne touche plus les patins d'entraînement mais uniquement
les petits patins (ronds) servant de freins.
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Voici les mécanismes sous les porte plateaux. L'axe peut
donc monter légèrement pour mettre les porte bobines en position haute,
cela est réalisé par les pièces en vue ci-contre.
La lame ressort est poussée vers le haut par la pièce
mécanique (actionnée par le levier de manoeuvre), ainsi le porte bobine
est en position haute.
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Le cabestan et son galet, la tête de lecture /
enregistrement et la tête d'effacement qui recule fortement (et rentre
même dans le châssis) quand l'appareil n'est pas en enregistrement.
Cette tête est en effet un aimant permanent et doit donc
être à distance de la bande quand on ne souhaite pas effacer son
contenu !
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La
réparation de l'électronique n'a pas présenté de
grandes complications au départ : les lampes étaient encore en parfait
état, et
la quasi
totalité des résistances aussi. Aucun souci d'isolement,
quelques
mauvais contacts dans le sélecteur de fonction et sur les broches des
lampes.
Remplacement des condensateurs noirs (tous mauvais), de
l'électrolytique bleu (qui n'était déjà plus d'origine), d'une
résistance restant d'un dépannage ancien, et d'une résistance d'origine
coupée.
Les condensateurs électrolytiques Fribourg chauffaient une fois sous
tension et ont été remplacés aussi.
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Si ces premiers remplacements et nettoyages ont permis
de retrouver un fonctionnement correct, tout n'était pas encore
parfait.
En effet, l'entrée micro manquait de gain, était
instable et provoquait un léger sifflement.
Voici le relevé de schéma de l'étage d'entrée préamplification : il
manquait un condensateur de découplage sur la cathode de la EF40, et le
découplage était faible sur G2 (augmenté avec un électrolytique de
10µF). Le
sifflement provenait d'une oscillation de la lampe, supprimée par
placement d'un condensateur céramique de 47pF sur l'anode et aussi
d'une R de 1kΩ en série avec G1 (pas dessinée sur le schéma ci-contre).
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Nettoyage et huilage de la partie mécanique, plus
réglage des hauteurs de plateaux et des freins. Aussi étonnant que cela
paraisse, les courroies d'origine sont encore fonctionnelles, même s'il
y a un peu de glissement (la vitesse n'est pas parfaite, mais
constante).
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Le microphone d'origine est un Brush (comme la platine
mécanique), type à cristal.
Ici aussi on est loin de la qualité de micros de studio,
mais cela fait le boulot...
C'est d'ailleurs ce microphone qui accompagne cet
appareil sur la
photo
publicitaire.
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Assez étrangement, d'origine cet appareil ne comportait
pas le
moindre fusible de protection.
Ajout d'un fusible (sur support bien isolé) au primaire
du transfo, cela protégera celui-ci et aussi le moteur. Dans la même
logique, remplacement du
câble secteur d'époque par un modèle avec connexion de terre
(utilisation d'un câble
toilé "style ancien").
Pour cela il a fallu percer deux trous dans le
support aluminium, mais ces élements font partie des modifications
indispensables pour assurer un fonctionnement en toute sécurité de
l'appareil.
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Et le voila remis dans sa valise, prêt à reprendre du
service !
C'est pas du tout de la hi-fi
mais il enregistre et lit sans souci.
Il y a un niveau de bruit de fond assez présent, c'est probablement du
à l'effacement qui se fait par un aimant permanent et non par une tête
dédiée, fonctionnant dans une fréquence inaudible (effacement pas
signal alternatif). Apparemment la marque Brush avait un brevet avec ce
type de système d'effacement, pas certain (info trouvée sur le net).
En dépit de cela, c'est tout de même une mécanique
fameusement solide, qui n'a nécessité que très peu de soins pour
refonctionner. Et mention spéciale pour la qualité des courroies qui
sont toujours intactes, sans doute un peu relâchées mais toujours
élastiques et en très bon état. Ceci dit par rapport aux courroies de
certains
constructeurs européens qui se liquéfient après quelques années sur du
matériel bien plus
récent...
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