La
sonorisation de l'Expo 58, par SBR !
La distribution du son pour un complexe tel que
fut la fameuse Exposition Universelle de Bruxelles en 1958 - la
mythique «Expo 58» ! - fut un fameux défi pour les techniciens et
ingénieurs de l'époque.
D'abord, la taille du site : plus de 200 hectares,
sur plus de 2 kilomètres de long ! (plan ci-dessous)
Ensuite, le nombres de zones de diffusion, et la
multiplicité des programmes sonores...
Enfin, l'exigence de qualité de diffusion requise.
Les informations présentées dans cette
page proviennent d'un article de R. Deschepper dans la revue technique
«Toute La Radio» (édition belge) de septembre 1958. A propos des documents et
photos...
Le plan conçu par les services techniques de
l'Exposition prévoyait une répartition du son comme ceci (voir les
numéros sur le plan ci-dessus) :
- Zones vertes :
diffusion de programme sonore A (zone belge)
- Zones grises :
diffusion de programme sonore B (zone étrangère)
- ⊕ : Diffusion programme chants d'oiseaux
- - - - : Liaisons par câbles
- 1 : Centrale d'émission
- 2 : Grande esplanade
- 3 : Jardin des Quatre Saisons
- 4 : Grand auditorium
- 5 : Pavillon de l'Elegance
- 6 : Pavillon de la Françe
- 9 : Zone de silence (parc)
- 10: Attractions (avec diffusion indépendante)
- 11: Belgique Joyeuse (avec diffusion
indépendante)
Lors de la conception du projet, l'équipe en
charge a du immédiatement constater que des liaisons par câbles
enterrés étaient impensables à cause de la configuration du terrain et
du fait de l'ampleur du chantier. Monsieur François Landrain,
conseiller technique du Commisariat Général, proposa des liaisons par
ondes radio.
Le niveau de qualité exigé imposa le choix
technique de la modulation de fréquence en ondes métriques.
Ceci fut décidé en Mars 1957, ce qui signifie que
la société qui remporta le marché eut moins d'un an pour mettre au
point, réaliser les appareillages et les mettre en service !
L'Exposition a en effet ouvert ses portes le 17 avril 1958.
La société SBR réalisa les émetteurs et les
récepteurs. Les haut-parleurs, de marque Goodmans, furent fournis par
la société Ivens.
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La salle des émetteurs. (clic
sur la photo pour agrandir)
On y voit trois des cinq émetteurs, les
magnétophones et les pupitres de contrôle.
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La centrale fut installée dans le grand Palais,
servant de hall d'accueil.
Cette centrale comprenait plusieurs locaux: la
salle des émetteurs (voir photo ci-dessus), un studio, une cabine de
régie, deux cabines pour les speakerines, des locaux pour les
enregistrements des bandes magnétiques, le matériel de réserve.
La centrale transmit en permanence trois
programmes musicaux. Deux de ces programmes par radio (un pour la zone
belge et un pour la zone étrangère), et un par câble vers le Jardin des
Quatre Saisons.
Un quatrième programme était composé exclusivement
de chant d'oiseaux et destiné aux points sonores dispersés dans les
parties boisées.
Il y avait donc en permanence trois émetteurs en
service en permanence (deux progammes musicaux + chants d'oiseaux), les
deux autres étant en réserve.
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Un des cinq émetteurs SBR, vu de façe. Le panneau
de gauche reprend tous les contrôles de la modulation, celui de droite
reprend les contrôles de la haute-fréquence.
La puissance de chaque émetteur était de 250W, et
les fréquences d'émission (pilotées par quartz) possibles : 76,60 ;
76,95 ; 77,65 ; 78,00 et 78,35 MHz. Ceci fut volontairement choisi en
dehors de la bande «FM» pour éviter les perturbations avec les
émissions de radiodiffusion existantes. La portée constatée fut d'une
centaine de kilomètres...
Les antennes étaient de simples dipôles plaçés sur
le toit du bâtiment.
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Les programmes se faisaient à partir de bandes
magnétiques (tournant à 38cm/sec), mais la possibilité de transmission
en direct d'émissions radio avait aussi été prévue. Il était bien
entendu aussi possible de faire des appels et messages par micro.
Un seul opérateur seulement assurait le service
des émissions. Son rôle était de surveiller les équipements et changer
les bandes magnétiques.
Les bandes furent fournies en partie
pré-enregistrées par une importante société de disques, les autres
enregistrées sur place à partir de disques microsillons ou d'émissions
de radio. Un musicologue fit partie du personnel de la centrale, afin
de composer des programmes musicaux équilibrés et contenter tous les
visiteurs. Il y eut très peu de critiques à ce sujet.
Les enregistrements des chants d'oiseaux furent
réalisés par un ornithologue anglais, Mr. L. Kosch.
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Un point sonore utilisé dans les jardins.
Chaque point sonore sans-fil incluait les
haut-parleurs, le récepteur, l'amplificateur de 10 watts (push-pull de
lampes EL84). Une simple prise de courant suffisait pour alimenter un
de ces appareils.
L'avantage de ce type de système est qu'un
éventuel renforcement sonore pouvait se réaliser facilement par ajout
de diffuseurs, sans problème de câbles, de charges d'amplificateurs
(impédances), ni travaux supplémentaires.
Chaque apareil pouvait être accordé sur n'importe
quelle des fréquences d'émission, et leur puissance sonore pouvait être
ajusté individuellement.
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Un autre modèle de point sonore, prévu
pour supporter une corbeille de fleurs.
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Un point sonore de type mural.
Ces points sonores furent conçus pour
fonctionnement en extérieur, et cela malgré les aléas de la météo belge
!
Ainsi, il fut fait usage de matériel tropicalisé
(pour résister à l'humidité) et à des caissons métalliques étanches.
Une enveloppe extérieure en tôle perforée leur
donna l'aspect final...
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Un point sonore d'usage général.
Il est à noter que l'ensemble du matériel
d'émission et tous les points sonores sont restés sous tension durant
toute la période de l'exposition. Ceci pour deux raisons : lors des
tests il fut constaté que l'allumage et l'extinction des tubes chaque
jour avait une influence néfaste sur leur durée de vie ; mais aussi en
procédant ainsi il était possible de passer un appel général nuit et
jour sur l'ensemble de l'installation.
Ces ensembles récepteurs - diffuseurs furent
réalisés en grande série, et il fut fait emploi de circuits imprimés
pour la partie électronique. Les circuits imprimés
étaient une technique nouvelle à cette époque...
Chaque modèle de point sonore comprenait 4
haut-parleurs de 20cm, et était aussi équipé d'un système «squelch»
(silencieux). Ceci pour couper le son en cas de perte du signal de
l'émetteur, et éviter un bruit de fond (souffle) dans ce cas.
En tout, il y eut plus de 450 points sonores de
tous types sur le site de l'exposition.
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Certaines liaisons ont cepandant été réalisées par
câble, traditionellement, car très proches de la centrale.
Dans la Grande Esplanade, il fallut pouvoir
utiliser les haut-parleurs pour la difusion d'informations ou de
commentaires pris sur plaçe lors de manifestations sportives ou
folkloriques. Ce fut fait de même vers le Grand Auditorium et vers le
Palais de l'Elégance.
Le Jardin des Quatre Saisons fut câblé aussi, mais
avec une diffusion sonore remarquable en qualité. Ce fut de la Hi-Fi en
plein air. L'installation se composait de trois amplificateurs
Williamson de 60W chacun, un des trois alimentant 120 haut-parleurs
pour les fréquences hautes (aigues), et les deux autres alimentant 40
gros haut-parleurs pour les fréquences basses. Tous ces haut-parleurs
furent montés dans des enceintes adéquates, indépendantes l'une de
l'autre et plaçées tout autour du jardin. La séparation des fréquences
fut réalisée avec un filtre pré-amplificateur séparateur en amont des
amplificateurs.
Le programme musical fut de la musique ancienne de
haute qualité, en harmonie avec l'ambiance du 18e siècle.
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