Pour changer un peu des radios et de l'audio : un
magnétoscope ancien, SBR type 8022.
Cet appareil a été commercialisé en 1982-83.
Il s'agit d'un appareil au standard de cassettes V2000,
lancé par Philips tout à la fin des années 70. Ce système n'a eu qu'une
durée de vie très courte, jusqu'en 1985 environ (la vente d'appareils a
cessé définitivement en 1988). La qualité des images était excellente,
mais c'est
arrivé trop tard sur le marché, alors que le système VHS avait déjà
quasiment gagné "la bataille des standards"...
A cette époque, SBR faisait déjà partie du groupe
Philips depuis des années, commercialisait des téléviseurs construits
par la CBRT et
des
magnétoscopes Philips simplement "rebadgés".
Voici l'occasion de se pencher sur un de ces
appareils qui furent de courte durée de commercialisation. Il est
souhaité ici de pouvoir relire des anciennes K7, enregistrées dans les
années 80, et contenant des souvenirs familiaux.
Clic sur les petites images pour voir en plus grand dans une autre
fenêtre...
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Voila l'engin, design très "début années 80", avec
encore la cassette qui sort par dessus l'appareil.
Première chose qui surprend : le poids ! Il pèse presque
20kg !
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Vue de l'arrière, le couvercle supérieur vient d'être
soulevé pour ouverture.
Très curieusement, pas de prise Peritel / SCART sur cet
engin mais uniquement des prises DIN.
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Houla ! Une fois les capots inférieurs et supérieurs
ouverts, on découvre une de ces usines à gaz !
Tout le châssis est en aluminium injecté, et la
mécanique est totalement métallique. Voila une explication du poids
assez inhabituel de cet appareil. Toutes les platines sont enfichées
sur un circuit imprimé de base qui occupe la quasi totalité de de la
surface.
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La face avant (avec les afficheurs) peut basculer et on
voit ainsi mieux l'intérieur.
Les platines sont aussi reliées entre
elles par des
faisceaux de câbles assez conséquents.
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Un imposant bloc d'alimentation alimente tout ce petit
monde. Transformateur classique et régulations linéaires, excepté pour
une
des tensions (12V pour les mécanismes) qui a une régulation à découpage.
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Voyant tout cela, il est clair que dépanner ce genre
d'appareil sans la documentation technique est quasiment impossible.
Elle est disponible sur le web, mais aussi dans le lot
récupéré il y a
quelques années. Et les manuels de Philips sont souvent bien faits, on
va voir si cela se vérifie encore ici !
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Rien que pour identifier les différentes platines et
leur fonction, la documentation technique est indispensable.
Heureusement, le lot contenait celles de la plupart des appareils V2000
Philips... Ce qui permet déjà d'identifier le modèle correspondant à ce
SBR : c'est un châssis de Philips VR2023.
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Une fois le blindage protecteur ôté, on peut voir les
têtes vidéo et audio.
La mécanique est massive, métallique. Les entraînements
sont réalisés par câbles, c'est solide et surtout sans courroies ! Car
les courroies Philips sont "bien" connues pour devenir mauvaises avec
le
temps... Ouf, il n'y en a pas ici !
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Aïe ! Premier dégât constaté, une trace de corrosion sur
la tête vidéo !
Avant toute autre chose, il va falloir essayer de
résoudre cela, car cette corrosion aura un effet sur la lecture, et le
premier sera d'abîmer méchamment la bande magnétique qui viendra en
contact. En effet, la tête est rotative et donc cela provoquera une
usure du
ruban magnétique de la cassette, qui s'enroule autour de cette tête !
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Examen visuel du reste de la mécanique, pas de traces de
corrosion ailleurs que sur la tête. Tout est plein de poussière mais
semble en bon état. Aucune pièce mobile ne coince quand manipulée à la
main.
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Après un premier nettoyage de la tête avec un produit de
nettoyage pour métaux, puis à l'alcool, pourquoi ne pas faire un essai
? Une K7 au contenu non
essentiel (film enregistré à la télévision) conviendra pour faire un
premier test de mécanique. Dans le cas ou les choses tournent mal, on
ne perd pas un contenu qui pourrait être unique (souvenirs de famille
ou autre)...
A ce stade, et avec quelques précautions, rien ne
s'oppose à mettre sous tension l'appareil une première fois. D'abord
lentement, au variac, et en augmentant tranquillement la tension pour
le
"ramener à la vie" gentiment...
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Une fois alimenté à sa tension nominale (230V AC), rien
ne fume, pas d'odeur de "chaud". Mais les afficheurs scintillent,
il y a une instabilité dans les alimentations. Les moteurs démarrent
mais saccadés lors des rembobinages. Au vu de ceci, pas d'essai de
lecture directement...
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Commençons dès lors par l'alimentation, elle est
farcie de composants pouvant avoir des soucis divers. Plus les
habituelles pannes
dues à la chaleur : soudures, pâtes thermoconductrices déssèchées,...
Ce bloc d'alimentation se démonte assez aisément, il
faut déconnecter toutes les fiches y parvenant et enlever quelques vis.
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Très curieusement, sur
la partie droite du circuit imprimé, se trouve la sérigraphie d'un
éclair indiquant une tension élevée. Ah bon ? Dans un magnétoscope ? Un
peu de lecture de la documentation m'apprends que la tête vidéo est
montée sur des piézos, pour améliorer la stabilité de lecture et arrêt
sur image.
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Voila le bloc avec les redresseurs, condensateurs et
régulateurs. C'est assez classique, contrôle des soudures, des
composants... La partie de droite sort 2X 175V, pour les piezos.
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Les condensateurs bleus de Philips étaient de bons
composants, mais on en trouve de plus en plus souvent des mauvais dans
les appareils d'une quarantaine d'années et plus.
C'est le cas ici aussi, voici un condensateurs sensé
faire 68µF... D'autres sont totalement morts, comme le 680µF,
totalement coupé. Heureusement aucun n'est en court-circuit.
Les plus grosses capacités sont elles encore en bon
état, de même que celles de la partie "haute-tension". Elles resteront
en
place, mais tous les autres seront remplacés.
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La bonne blague habituelle du condensateur de
redressement cos φ secteur : ces Rifa qui explosent ou
fument en
dégageant une odeur épouvantable ! Ici il est monté juste derrière la
prise de connexion au secteur. A noter que cet appareil n'a pas
d'interrupteur général.
Remplacement de ce condensateur sans se poser de
questions, même s'il a tenu lors du premier test !
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La platine avec le CPU qui gère les mécanismes, le
timer,... est équipée de mémoires RAM statiques, et donc d'un
accumulateur pour maintenir le contenu de ces mémoires.
C'est le cylindre jaune à l'avant plan, et bien sur
après
presque 40 ans, il ne tient plus la charge ! Mais au moins il n'a pas
coulé partout...
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Si le contenu des mémoires peut sembler accessoire
(heure, programmes du tuner TV,...),
comme les RAM ne sont plus maintenues par l'accu elles contiennent un
peu
n'importe quoi à la remise sous tension. Il faut donc les
ré-initialiser en maintenant la touche "reset" enfoncée lors de la mise
sous tension de l'appareil.
Mais il y a une autre astuce sur la platine CPU ! Car il
est procédé régulièrement à un test de l'accumulateur . Ceci peut
provoquer des remises à zéro du processeur... Dès lors, placement d'un
condensateur de 3300µF / 6.3V en remplacement temporaire de cet accu :
si les données dans les RAM ne seront pas maintenues longtemps, au
moins il n'y aura pas de diagnostic mauvais accu périodique !
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Les remises en état de l'alimentation et de la platine
CPU étant faites, il est temps de faire un premier essai de lecture.
La tête vidéo démarre bien, et la bande est prise par la
mécanique pour s'enrouler autour.
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Connexion à un moniteur externe par les sorties
vidéocomposite et son disponibles sur les prises DIN de l'appareil.
Une image apparaît... Oh ! Mais c'est ce brave Gendarme
de
Saint-Tropez !
La cassette est bien lue, mais en noir et blanc.
Fut-elle enregistrée sur un autre appareil, en SECAM, ou est-ce autre
cause ? Cette
cassette était fournie avec l'appareil, mais sait-on jamais...
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Essayons une autre cassette. Voila un dessin animé
d'Asterix.
L'image est correcte sans être parfaite, mais en noir et
blanc aussi. Et c'est pareil avec d'autres cassettes provenant du même
lot que l'appareil...
Autre souci : la lecture s'arrête régulièrement, sans
raison apparente.
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L'appareil dispose d'une platine de gestion "chroma",
pour la couleur.
Un signal d'entrée (provenant d'une autre platine) est
un "chroma killer", et justement le transistor piloté par ce signal (un
FET J300, à côté de la platine sur la photo) est en court-circuit !
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L'immense souci de cette construction est qu'il est très
difficile de faire des mesures sur les platines, tant le montage est
compact.
Philips commercialisait des connecteurs - rehausseurs,
permettant de faire fonctionner l'appareil avec les platines
surhaussées, et y faire des mesures. Evidemment, retrouver ces
accessoires presque 40 ans après l'abandon de ce standard, impossible.
Donc le dépannage se fait par mesures statiques sur les platines, ce
qui a ses limites pour le diagnostic.
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La supression pure et simple (pour essai) de ce
transistor sur la platine chroma ne résoud pas l'absence de couleur à
la lecture.
Le signal chroma arrive sur une platine de
synchronisation avec le signal de luminance. C'est la platine de la
photo ci-contre.
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Essai de quelques condensateurs présents
sur cette platine de synchro.
Le test des condensateurs se fait sur deux appareils différents : un
pont RLC (vu sur une autre photo ci-dessus) et ce testeur "chinois
universel", pour
confirmer les diagnostics.
Oups ! Encore un condensateur bleu défectueux, cette
fois un de 1µF, proche du TDA2574. Le pont RLC confirme la mort du
composant : 0µF !
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Et revoila la couleur après le remplacement de ce
condensateur sur la platine synchro !
L'image n'est pas encore parfaite. Elle est relativement
nette, les couleurs sont bonnes, mais il y a de nombreuses "taches" qui
apparaissent, et par moments un moirage assez fort.
Et la lecture stoppe toujours, de façon aléatoire,
parfois après quelques secondes, parfois après une demi-heure...
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A ce stade, si tout n'est pas encore parfait, il semble
que la machine puisse être sauvée, du moins dans sa fonction de lecture.
Il reste quelques soucis :
- La qualité d'image à améliorer
- Quelques faux contacts dans les connecteurs de "fond"
des platines
- De temps en temps la lecture s'interrompt encore et
stoppe
- La tension de la bande n'est pas idéale lors du
rembobinage (rewind)
- Le moteur d'entraînement bobine droite tourne un peu
"saccadé" lors de la lecture
- Et bien sur la rénovation complète de la tête vidéo à
finir
(suppression totale de la corrosion)
D'abord se pose la question de l'électronique. Il semble
que pas mal de condensateurs soient bien malades dans cet appareil.
Bien que je ne sois pas un fanatique du "recapage" intégral des
appareils électroniques anciens, ici cela semble bien nécessaire.
Ensuite la mécanique, elle fonctionne mais il y a
quelques petits soucis. Le risque d'y intervenir est évidemment de
briser une pièce, qui est totalement introuvable de nos jours... Mais
finalement elle est
plutôt solide (quasi aucune pièce plastique) et l'électronique est bien
construite : les travaux continuent donc !
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Le bloc mécanique se démonte par enlèvement de 3 vis.
Particulièrement imposant avec pas moins de 5 moteurs :
2 bobines, 1 cabestan, 1 tête vidéo et un pour la prise de la bande
magnétique !
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Le manuel de service mentionne un accessoire pour
surélever le mécanisme lors du dépannage (voir image ci-dessus). Facile
à refaire avec
quelques entretoises et 3 bouts de
tige filetée M4...
Cela permet de mesurer la tension d'alimentation du
moteur entraînement bobine, et de voir qu'elle n'est pas très stable.
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Sur la platine de commande des moteurs, pas mal de
condensateurs électrolytiques également. On y trouve les habituels
bleus
à connexions axiales, mais aussi des orange à connexions radiales. Ces
derniers ressemblent à des tantale, mais d'après la documentation ce
sont bien des électrolytiques.
Echantillonage de tests, c'est pas terrible, pas mal
sont défectueux. Vu les soucis potentiels, remplacement de la totalité
de ces condensateurs polarisés sur cette platine.
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La voila "recapée"... Il devient difficile de trouver
des condensateurs axiaux, dès lors on adapte des radiaux à la place.
Par contre les nouveaux composants sont bien plus compacts que leurs
"ancêtres"...
Les condensateurs non polarisés au mylar (type drapeaux
de toutes les couleurs, souvent surnommés "tropical fish") sont laissés
en place, ce sont des composants très fiables. Pareil pour les
céramiques.
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Mise à jour janvier 2022 : avec le remplacement de pas
mal de condensateurs sur différentes platines, l'état général de
l'engin s'améliore. Je ne suis pas adepte du remplacement intégral des
condensateurs électrolytiques dans les appareils, mais ici ils semblent
être, tous, bien malades...
La lecture ne pose pour le moment plus de soucis mais
par moment l'image disparaît. Ceci est du à un mauvais contact quelque
part au niveau des platines de traitement vidéo, pas facile à dénicher
! Mauvais contact dans un connecteur, piste coupée, mauvaise soudure...
Encore des recherches à faire !
A suivre...
© Radiocollection.be, Thierry Magis 2021-2022
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