Restauration
de blocs de puissance Pulsar 8 canaux
La suite de la console
Coherent Light : les blocs
de puissance !
En effet, pour pouvoir piloter des lampes
à partir d'une telle console, il faut les unités de
puissance qui vont convertir le signal 0-10V provenant de la console,
en une tension AC, allumant la lampe en fonction du signal. 0V = lampe
éteinte ; 5V = 50% de luminosité ; 10V = 100% de
luminosité.
Voici donc la restauration de plusieurs "dimmer
packs" à 8 voies...
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Puf ! Beurk ! Pouah ! Etat plus que crasseux pour
ces unités qui proviennent d'une discothèque !
Ces engins étaient montés au
plafond, à proximité des projecteurs. Ils sont pleins
de poussière de nicotine ... entre autres trucs qu'il vaut
mieux ne pas trop savoir ! En tout cas ils puent salement. Plus la
rouille, les coups... Ce matos a plus que souffert. Mais
à cheval (quasi)-donné, on ne regarde pas les
dents...
Par contre, ces 5 unités (4 visibles sur la photo) sont
d'excellente
qualité, signées
Pulsar : une marque anglaise
réputée, qui construit du matériel
d'éclairage top-niveau. |
Récupération de 5
unités à 8 voies chacune, donc. Chaque voie permet 5
ampères de charge, soit environ 1100W (on arrondit un peu...).
La console a 12 voies de sortie, et ces blocs 8...
De plus, pour une utilisation rationnelle, il vaut mieux
équilibrer les charges sur les 3 phases du secteur. Un peu de
réflexion, et donc : restauration de 3 de ces "dimmers packs"
: cela fera 24 voies en tout, on en connectera deux sur chaque sortie
de la console. Cela permettra la connexion de plus de puissance sur
chaque voie. Et trois blocs : ne pas chercher plus
loin, un par phase secteur. Le maximum de courant étant de 8x
5A, maximum 40A par phase, c'est jouable !
Cela tombe assez bien :
sur le lot, trois unités sont en relativement bon
état, tandis
que deux autres sont assez "arrangées". Ces deux
unités abîmées serviront donc de "donneurs
d'organes"...
Au boulot ! Restauration de
3 unités
identiques au menu...
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Une électronique bien conçue et
assemblée. L'accès aux composants qui sont en
première ligne (en cas de panne) tels que les triacs et
opto-coupleurs est assuré sans devoir démonter tout.
Quelques pannes classiques dans ces blocs :
fusibles claqués et triacs morts. Ce défaut se
détecte aisément, les connexions A1 et A2 des triacs
sont presque toujours
en court-circuit. Un test sous tension et avec des ampoules comme
charges confirme le verdict.
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Pour le test, connexion d'ampoules sur les
sorties, et connexion de fils pour les signaux d'entrée
(indiqués sur la photo ci-contre).
Rien de bien méchant, après
remplacement des triacs et fusibles morts, ces appareils refonctionnent
sans autre forme de procès ! C'est du matériel solide
!
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Exemple d'un fusible qui a surchauffé, le
support était fendu et provoquait des mauvais contacts.
Absolument rien d'anormal dans des appareils ayant
fonctionné pendant des années dans de telles
conditions...
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Mais ... au fait ? Pourquoi les triacs meurent-ils
alors qu'ils sont normalement protégés par des
fusibles ?
Dans ces appareils, les triacs sont des
BTA12-600C. Soit un courant nominal de 12A (le 600 signifiant 600V
maximum entre A1 et A2). Et les
fusibles sont des modèles "super rapides" de 5A. Dès
lors, le fusible
devrait claquer avant le triac, non ? Et pourtant ! Bien souvent, suite
à un court-circuit, l'un comme l'autre sont morts... Et en
lumière de spectacle, les incidents peuvent être
nombreux : court-circuits dans des fiches, dans les câbles,
mais surtout le claquage
d'une ampoule. Dans bien des cas, les lampes de forte puissance (500W,
1000W et plus) provoquent un bref court-circuit lorsque leur filament
meurt.
Mais ! Tout de même
! ... Pour quelle
raison les
triacs claquent-ils alors qu'ils sont normalement plus "costauds" que
les
fusibles ?
Il faut considérer trois choses : le courant
de
court-circuit qui s'établit lors d'un souci, le temps
de
réaction de la protection et enfin la
capacité instantanée du triac.
Le courant de court-circuit : au moment du
court-circuit, et avant que la protection ne déclenche, il
s'établit dans le circuit un courant très important,
qui dépend principalement de la puissance de la source, et de
la longueur des conducteurs (pour faire simple).
Le temps de réaction de la protection :
un fusible ne "claque" pas à l'instant du court-circuit, il y
a
toujours un temps de réaction avant la fusion du fil
fusible.
La capacité maximale du triac : le
courant de court-circuit va traverser le composant, pendant tout le
temps que mettra la protection à interrompre le circuit. Il
n'est pas du
tout prouvé que le triac en question soit capable de supporter
ce courant très important !
Ci-dessous un petit dessin pour tenter d'expliquer
le phénomène complexe. Les
puristes et
théoriciens excuseront la
simplification très volontaire de l'explication,
il ne s'agit que de tenter de faire comprendre ce qui se passe sans
entrer dans la complexe théorie des circuits...
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Le schéma du dessus montre un circuit
simple, un triac pilotant une lampe, avec une self d'anti parasitage,
classique dans ces montages. Le câble d'alimentation est un
2.5mm² de section et de 5m de longueur. Et
le câble allant au projecteur (500W)
est un 1.5mm², 30m de long. L'ensemble est connecté
à une prise de courant, et à cet endroit le courant
de court-circuit est inconnu.
Le schéma du dessous montre la situation
lors d'un court-circuit. Les valeurs de résistances
et de réactances des conducteurs, et de la self, sont
indiquées.
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Donc, une situation très classique,
connexion d'un
équipement dans une prise de courant disponible, avec
l'installation amont totalement inconnue. Sans connaître le
courant de court-circuit (Icc) "disponible" dans la prise, comment le
calculer dans le circuit ?
Pour l'explication, on part
d'hypothèses,
basées sur l'expérience.
Hypothèse 1 :
à
moins d'être "tout en bout de ligne", on a
généralement au moins 1000 A de
Icc minimum (un
court-circuit de zéro Ω au niveau de la prise vaudra
donc
1000A). Partons donc sur une valeur supposée de 1000A.
Hypothèse 2 : le
court-circuit dans le projecteur a une résistance de
0.5Ω au
moment ou il se produit.
Hypothèse 3 : les
résistances de
contacts (prises, socket de la lampe) et du triac sont
négligeables.
On commence par calculer l'impédance de
la source en court-circuit : elle vaut 230 /1000 = 0.23Ω.
Ensuite, la somme des résistances et impédances des
câbles (encore une fois, calcul simplifié
pour
explication !!) : elle vaut ici 1.433Ω. Le courant de
court-circuit dans notre exemple vaut donc : 230 / (0.23 + 1,433) =
138A.
C'est
donc 138A qui vont circuler dans l'ensemble du circuit, et dans dans le
triac, tout le temps que mettra la protection à fonctionner !
Un
fusible FF a un temps de réaction normalement
inférieur
à 1ms. Considérons même 1ms pour un courant
de 138A, le triac
n'appréciera pas ! Car en regardant la feuille de
caractéristiques du BTA12, on voit que le courant impulsionnel
(non répétitif) maximum Itsm = 120A ! Le
courant
maximal dans le triac est donc dépassé dans le cas de
notre exemple. Le temps que le fusible fonde, le triac sera
mort.
Et
en situation réelle, c'est encore pire ! Le Icc de la source
est
souvent bien supérieur à 1000A (surtout dans les
endroits de spectacle ou pas mal de puissance est disponible), les
câbles
d'alimentation sont de plus forte section (donc impédances
plus
faibles), et les longueurs de câbles vers les projecteurs plus
courtes ou de plus forte section (diminuant aussi l'impédance)
...
Donc dans bien des cas, le courant de court-circuit dans ce genre
d'installations est de l'ordre de plusieurs centaines
d'ampères !
Il existe bien sur des triacs supportant des Itsm
plus
importants, mais dans d'autres gammes que ceux qui équipent
les
appareils comme ces blocs Pulsar. Le BTA40, par exemple, supporte plus
de 400A de Itsm et 40A de courant nominal. Mais c'est un gros
composant, coûteux, et qui nécessite un tout autre
circuit de
commande que celui d'un BTA12...
Le fusible est bien
entendu indispensable, même si le triac meurt aussi lors d'un
court-circuit ! Car il faut impérativement couper le circuit
dans lequel l'incident se produit. Et, dans tous les cas de figure,
respecter le type préconisé par le constructeur...
qui a
calculé le fusible en fonction des sections du
câblage
interne de l'appareil.
Généralement, les
câblages
externes (alimentations et câbles vers projecteurs) ne posent
pas de souci
s'ils sont bien réalisés. Il ne doit pas s'y produire
de court-circuit. Bien sur les accidents arrivent, tel
le câble abîmé par un
équipement qui chute dessus, ou encore le connecteur qui
subit un choc. Il est indispensable
d'éviter le bricolage et les réparations de fortune
à ce niveau !
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Le gros souci,
c'est les ampoules qui claquent en provoquant un court-circuit
à
ce moment-là. Ceci est du à la constitution du
filament,
très "serré" afin de pouvoir être
focalisé
aisément. Lors de sa destruction, des morceaux de ce filament
sont projetés dans l'ampoule (compacte), touchent d'autres
parties conductrices, et provoquent
l'incident...
Ce genre de souci est moins fréquent avec
les ampoules ou petits spots 230V E27 "traditionnels", qui ont un
filament disposé en ligne. Il est rare qu'un claquage de
filament provoque un court-circuit.
En tout état de cause, pour
éviter autant que possible le claquage du triac,
voire
même l'explosion de celui-ci, il
faut impérativement placer un fusible à action super
rapide, donc de type FF ! Explosion d'un triac ? Oui, oui,
déjà
vu cela ! Il n'en restait que les pattes, toujours soudées au
circuit imprimé, et la semelle de montage visée au
dissipateur ! Tout le reste s'était
volatilisé...
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Et sur le secteur, on installe exclusivement
des
fusibles en céramique, comme les deux de gauche sur la photo
ci-contre. Ces fusibles en céramique sont souvent capables de
couper un Icc de 1500A (voir les feuilles de caractéristiques
du constructeur
avant usage!)
Les
fusibles en verre, comme les trois illustrés à
droite, ne
conviennent pas du tout pour usage sur le secteur,
n'étant
pas
capables de
couper un court-circuit violent sans danger !
Généralement ils sont capables de couper un Icc
égal à 10X leur intensité nominale (un
tel fusible de 5A pourra donc couper sans danger un Icc de 50A
maximum).
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Les fusibles en verre peuvent exploser,
comme sur la photo ci-contre (alimentation à
découpage de PC)... Des petits morceaux de verre sont alors
projetés partout, provoquant des dégâts
connexes.
Pour d'autres informations plus
générales sur la
sécurité électrique, voir aussi la page sécurité
de ce site...
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Un retour à la pratique est le bienvenu
après ces ennuyantes explications !
Revenons à la
restauration de ces blocs et à la préparation pour
leur ré-emploi.
A
ce stade ils sont réparés mais il faut maintenant
assembler le raccordement de l'alimentation, et des sorties de
puissance. Plus aussi mettre un autre connecteur pour les
entrées 0-10V. Tout cela sera suivi par une mise en
flight-case,
plus tard...
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L'usage futur devenant plus "mobile" pour ces
blocs, équipons-les de connecteurs.
Montage d'une fiche "Harting" à 16
contacts sur une des tôles de fond. Il a fallu pour cela
agrandir le trou... Ces tôles comportaient d'origine
chacune 4 presse-étoupe.
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La fiche 16 pôles est en place, et le
câblage
interne est réalisé. Pour cela, l'usage de
conducteurs souples 1.5mm², repérés par
numéros
est bien pratique. Il suffit de dénuder un morceau de
câble multibrins genre LIYY pour avoir de ces conducteurs...
Les 4 trous de presse-étoupe de l'autre
tôle de fond sont refermés avec des bouchons
plastique.
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Les connecteurs pour les signaux 0-10V
d'entrées
étaient des fiches DIN multibroches,
avec verrouillage. Les
fiches correspondantes étaient absentes, et ce
matériel
pas très facile à trouver, installation d'une prise
DB9.
Cette prise prend place sur la petite
tôle, au-dessus des
connecteurs DIN. Elle comporte les deux buselures filetées
pour
pouvoir fixer convenablement la fiche qui viendra s'y
insérer...
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Raccordement de la prise DB9 sur le circuit
imprimé. Les
anciennes fiches DIN restant en place, soudure des fils provenant de la
DB9 directement sur les résistances d'entrées.
La broche 9 est le signal commun, qui est
également
câblé sur la partie métallique de la prise
(pour
blindage).
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Les connexions secteur, maintenant. Ces
conducteurs sont
susceptibles de véhiculer un courant fort important : si
toutes
les 8 voies sont actives, et chargées au maximum, c'est donc
40A
qui circulent dans ces câbles.
Utilisation ici de conducteurs de 6mm² de
section. Ces
unités étant destinées à
être
installées dans un flight-case, utilisation de conducteurs
séparés pour cette connexion. Ces conducteurs
retourneront vers la distribution de puissance interne. Pour le passage
dans le presse-étoupe, ils sont gainés dans un tube
souple en PVC.
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A ce stade, tout cela fonctionne.
Pour pouvoir utiliser la
console et ces blocs
ensemble, il va falloir les interconnecter, pour la commande en signaux
0-10V. Mais est-ce intéressant de procéder ainsi ? Il
va falloir des câbles multibrins faradisés, mais
aussi d'excellents connecteurs solides. Et si je dispose de bonnes
longueurs de câbles faradisés dans mon "bazar",
il
n'en est pas de même pour de bons connecteurs multi-polaires,
qui sont
très coûteux.
Alors que le protocole DMX512 (liaison
sérielle en signaux RS485) existe pour les
liaisons entre les commandes d'éclairage et les appareils, et
que je dispose d'une interface de décodage (DMX vers 0-10V) ne
serait-il pas plus intéressant de monter un multiplexeur dans
la console, afin de simplifier la connectique ? Les liaisons en DMX se
font en effet par câbles faradisés à deux
conducteurs, et par fiches XLR 5 pôles...
A suivre... !
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