Charge
de test pour amplis basse fréquence
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Lors de dépannage d'amplificateurs basse
fréquence, ou de leur construction (voir l'engin ci-contre),
il se pose le problème du test d'endurance de ceux-ci.
En effet, un test à faible volume
après intervention, réglage ou mise au point, n'est
(à mon avis du moins) pas suffisant pour déclarer
l'apareil bon pour le service.
Idéalement, il faudrait pouvoir le faire débiter
quelques heures,
à un volume assez soutenu. Ceci pour s'assurer qu'aucune
connexion ou composant ne devienne problématique lors de
l'élévation de la température, mais aussi
que les diverses protections fonctionnent normalement.
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Comment faire cet essai au
mieux, sans se "casser
les oreilles" avec les enceintes de test ?
Réponse
: en se construisant un banc de test, constitué de (grosses)
résistances, afin de pouvoir faire débiter
l'amplificateur à très haut volume. Ces
résistances permettront à l'ampli en test de
débiter du courant, donc de fournir de la puissance. Ceci
permet de le tester en conditions "presque réelles" : les haut
parleurs ont bien sur un comportement assez différent des
résistances (variation de l'impédance en fonction de
la fréquence, notamment à la fréquence de
résonnance), plus bien sur les filtres passifs qui engendrent
des non-linéarités de charge. De même, les
haut
parleurs ne sont pas des résistances pures, mais ont bien
entendu une self-induction, qui agit aussi sur
l'amplificateur.
Mais pour un test "de puissance brute", cela
fonctionne très bien avec des résistances. D'autant
plus avec des résistances bobinées...
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L'appareil ci-contre, de construction maison,
fournit 300W par canal avec une charge de 4 Ω. Il a
été testé de longues heures sur des
résistances avant d'avoir servi des années
en sonorisation.
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Pour
valider un ampli de sono c'est compréhensible, mais une telle
torture pour un
ampli hi-fi ?
A mon sens, oui. Après un
dépannage, l'état général d'un
appareil est relativement inconnu. Des composants peuvent être
bons à froid et commencer à poser des soucis
après un moment de fonctionnement : à cause de la
chaleur et/ou des courants qui circulent dans les circuits. Pareil pour
certaines soudures pouvant avoir vieilli et provoquer des soucis
à chaud.
Avec un tel test, on fait
chauffer tout l'appareil, et des courants importants (fonction du
dimensionnement de l'appareil bien sur) circulent dans l'alimentation
et dans les étages de puissance.
Il est intéressant de procéder
au premier test en "y allant doucement", à faible volume donc,
et de noter les valeurs
mesurées : courant de repos des étages finaux,
tensions d'alimentation, voir le niveau de sortie (et la forme du
signal) sur scope avec un
signal d'entrée connu,... Ensuite, test à haut volume
sur les résistances, pendant un bon moment. Puis, reprendre
les mêmes mesures qu'à froid (avec les mêmes
conditions et les mêmes signaux) : il ne doit pas y avoir de
fortes différences.
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A noter que ce genre d'essai doit se faire en
"gardant un oeil" sur l'appareil en test ! Et il faut être
prêt à le débrancher ou l'éteindre
au cas ou...
Lors
du test de cet engin (ci contre), le ventilateur avait
été déconnecté, pour provoquer
l'échauffement. Dans ces conditions, il est indispensable
d'être vigilant. Des composants peuvent chauffer ... mais ils ne peuvent pas fumer
!
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Après cette
introduction, voici la
réalisation de mon banc de test.
Pendant des années, j'ai utilisé
des résistances "volantes" avec des connexions provisoires.
Cela peut fonctionner mais c'est dangereux, risque de court-circuit ou
déconnexion brutale,... et aussi de se prendre les pieds dans
le fatras de fils ! Et encore un autre danger, qui n'est pas le moindre
: se
brûler sur les résistances
! En effet, une résistance qui dissipe une cinquantaine de
watts
a une température de surface très
élevée,
suffisante pour se brûler la peau assez
sévèrement.
Et donc, maintenant, j'opte pour une
réalisation plus "définitive".
Que faut-il pour réaliser un tel banc de
test, et
qui soit le plus complet possible ? Selon mon expérience,
voici le petit cahier des charges :
Les
résistances, bien sur. Pouvoir simuler des
charges "réelles" ... ou du moins plus ou moins proches de la
réalité. Tout en sachant que l'impédance
d'une
enceinte est assez variable. Donc, pour des amplis à
transistors, 4 et 8 Ω ou approchant.
Quelle
puissance à
dissiper ? Tout va dépendre
des appareils qui vont devoir être testés. La
puissance totale des résistances doit évidemment
être fonction des amplificateurs qui y seront
raccordés... En hi-fi, une centaine de watts va couvrir la
quasi totalité des applications. Mais si on se met à
dépanner de la sono, ou de la hi-fi un peu
ésotérique, il va falloir pouvoir dissiper...
beaucoup. Les amplis de sono font plusieurs centaines de watts par
canal, voire même le millier pour certains... Et certains
appareils hi-fi ont de la réserve de puissance aussi.
Même
les "vintages"
! Par exemple, le fameux ampli Bose type 1801 (type 1800 dans sa
version sono) sort
plusieurs centaines de watts par canal, et sa conception date de 1974...
Stéréo,
évidemment. Donc deux fois le
même assemblage de résistances, mais
indépendantes les unes des autres, pour pouvoir s'adapter aux
types de montages des amplis (cela signifie pas de liaison
électrique entre les résistances de charge des deux
canaux).
Des
indicateurs de tension AC seraient bienvenus. ils
permettront de voir, d'un simple coup d'oeil, que tout va bien et que
l'ampli fournit bien de la tension aux charges. Des indicateurs type
vu-mètre (à aiguilles) seront bien plus pratiques que
des indicateurs barre-graphe à LED qui nécessitent
une
alimentation auxiliaire. Ici la précision importe peu, on
n'est pas à un volt près : c'est
une indication de
fonctionnement.
Un indicateur par canal est intéressant pour voir les
différences pouvant apparaître lors du test (cela
arrive).
Pour
le test avec des signaux carrés, avoir un
condensateur en parallèle avec les résistances est
intéressant, pour observer la forme des signaux de sortie
à l'oscilloscope. En présence ou en l'absence du
condensateur, les signaux doivent être similaires. C'est une
bonne indication de la stabilité de l'ampli en test. On
prévoit donc un condensateur de 1 µF pouvant
être commuté ou non.
Type
de coffret : cet
assemblage ne servant pas tous les jours
en hobby, autant le réaliser "escamotable". Ici ce sera un
petit châssis sur roulettes, pouvant être
poussé du pied en dessous de l'établi. Evidemment, le
coffret prévu doit pouvoir laisser circuler l'air car cela va
chauffer la-dedans ! Le coffret devra
être suffisamment ajouré pour laisser passer l'air
tout
en empêchant le contact des mains avec les
résistances. Une ventilation forcée pourra
être utile, le coffret sera adapté pour le placement
optionnel de deux ventilateurs.
La
connectique
doit être solide. Le choix est multiple : douilles banane,
bornes
à visser ou à ressort, fiches
Speakon®,... Il faut
que cette connectique puisse supporter les courants importants qui vont
circuler dans les charges. Ici j'ai opté pour des bornes
à visser combinées à des douilles banane.
Tout cela
étant énoncé, en avant pour la
réalisation !
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Les résistances de test. Trouvé
à la bourse de
La Louvière, il y a bien longtemps : une bonne centaine de
résistances de 10Ω /
40W, neuves. Voila la base !
L' assemblage consistera (par canal) en deux
séries de 16 résistances constituant une charge de
10Ω
pouvant dissiper ... 640W ! Deux assemblages comme cela par canal, mis
en parallèle, permettront de faire une charge de 5Ω /
1280W. De quoi charger des amplis assez costauds !
En tout, c'est donc 32 de ces
résistances qui sont utilisées par canal.
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Le reste du matériel se rassemble,en
fouillant les tiroirs... Les bornes, commutateurs, porte-fusibles...
Pour l'avant-projet, plus de matériel que nécessaire
fut
rassemblé, cela a permis de choisir le plus adapté au
montage final.
Les deux indicateurs sont de type à "fer
mobile", fonctionnant aussi bien en DC qu'en AC. Ce n'est pas
des modèles de précision, mais ici le but est de voir d'un coup
d'oeil si tout se passe bien. Leur gamme est de 6V fond
d'échelle, il faura donc créer un sélecteur
de gamme, permettant de lire plus que 6V.
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Et voila ce qui sera le coffret !
Il s'agit d'un boîtier en aluminium
ajouré, qui a servi de capot de protection pour un ancien
stabilisateur ferromagnétique de 5kVA.
Il
va donc falloir créer un
châssis qui supportera les résistances, et le panneau
de connexion - contrôle. Ce capot viendra donc par dessus le
châssis, protégeant le câblage interne et
les
résistances.
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Avant de commencer la réalisation, le
schéma est établi.
Rien de bien sorcier, deux groupes de 16
résistances pouvant être mis en parallèle
par l'interrupteur S3. Cet interrupteur doit pouvoir supporter une
bonne vingtaine d'ampères ! Le fusible protège la
partie voltmètre et condensateur. Le
condensateur peut être mis en ou hors service avec
l'interrupteur S2. Le sélecteur S1 permet d'avoir
plusieurs gammes de mesure en ajoutant des résistances en
série avec le voltmètre. Une position permet de
mettre le voltmètre hors circuit.
Ce schéma est bien entendu
réalisé deux fois.
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Le sélecteur de gamme de mesure de
tension est commun aux deux voltmètres.
C'est un ancien commutateur à galettes,
qui n'avait jamais servi jusqu'ici (new old stock)... Les connexions
des deux canaux
sont câblés sur des galettes différentes,
pour garantir l'isolation entre ces deux circuits.
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Tout le matériel étant
rassemblé, la construction du panneau de commande peut
être réalisée.
Il est fait usage ici d'une tôle
d'aluminium de réemploi... mesure, traçage,
perçage,... De la mécanique au programme !
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Une fois la face avant percée, report sur
un papier de l'emplacement des percements. Ceci va permettre la
réalisation du lettrage. Ce papier sera
numérisé ensuite, afin de devenir un fichier image
(format jpg suffisant).
"Dans le temps" je réalisais ces
lettrages avec des lettres
et chiffres décalcomanies (genre Deca-Dry), mais
trouver encore cela maintenant... Et puis, cette méthode est
un peu
dépassée à l'heure de l'informatique et des
logiciels puissants !
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Le document numérisé est ouvert
avec un traitement d'images. J'utilise pour cela (et aussi pour traiter
toues les images de ce site) le logiciel The Gimp, gratuit et
performant.
Comme tous les trous sont repris sur le document,
il est aisé d'ajouter le lettrage et de faire cela bien net...
Conseil, afficher la grille sur l'image pour bien aligner les textes
sur le dessin.
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Une fois le fichier prêt, impression...
Il faut trouver la bonne échelle, en fonction du
scanner
et de l'imprimante utilisée. J'ai du imprimer le fichier final
à
environ 103% de sa dimension pour retrouver les dimensions justes. Il
faut faire quelques essais, jusqu'à ce que les trous "tombent"
en face des découpes sur la tôle.
Si tout correspond bien, plastification à
chaud du
papier... C'est ce document qui deviendra donc la face avant, en
prenant place devant la tôle d'aluminium.
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Les trous doivent évidemment
être découpés dans le papier
plastifié !
Les trous ronds à l'emporte
pièce, les autres au cutter... Faut travailler tranquillement,
mais cela fonctionne.
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Et voila, tous les éléments sont
montés sur la face avant !
Le papier plastifié résistera
bien aux taches de doigts et aux éraflures peu
profondes.
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Mécanique à nouveau :
construction du châssis de base, en cornières acier.
Mesure, perçage, taraudage,... Encore un
peu de mécanique.
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Le châssis est assemblé pour un
premier test dimensionnel. Les roulettes donnent un peu de hauteur, qui
permettra à l'air de circuler sous le châssis et
traverser l'ensemble. Il n'y aura pas de tôle de fond,
justement pour la circulation d'air.
La face avant est également
déjà en place pour essai de positionnement.
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Le capot ajouré,
découpé pour l'implémentation de la face
avant, "tombe" bien en place sur
le châssis. Le volume intérieur est assez grand pour
permettre un montage assez aéré, ce qui est important
pour un tel montage qui va chauffer !
Plus qu'à monter les résistances
de puissance et câbler tout cela...
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Les résistances sont montées
verticalement (pour la
dissipation) sur un circuit imprimé de 20 X 30cm, double
façe. Il y a donc 16 résistances de chaque
coté du
circuit. Le circuit est installé verticalement dans le
coffret.
Les pistes ont été
crées par fraisage, il y en
a fort peu et mon bac à perchlorure est de toutes
façons
trop petit pour la taille de ce circuit... Quand il n'y a pas trop de
pistes, cette méthode est valable. C'est évidemment
moins
beau que des pistes bien traçées avec un logiciel de
DAO
(la version démo que j'utilise ne permet de toutes
façons
pas cette taille de circuit)...
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Une autre vue sur le circuit imprimé d'un
canal, en place sur le châssis.
Les connexions vers les bornes se font par des
connecteurs
"fast-on". Les pistes du circuit imprimé sont toutes
dédoublées avec des conducteurs de 0.5mm²,
qui
servent aussi à la soudure des résistances, et
à
les maintenir en place mécaniquement.
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Tant qu'à être dans le montage
mécanique,
placement de deux ventilateurs. Le circuit imprimé vertical et
sans composants (au moment ce la photo) pourra servir à
l'ajout
d'accessoires dans le futur.
Bien sur, il faudra prévoir une fiche
secteur pour les deux ventilateurs.
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Et puis, finalement, ce circuit imprimé
pour accessoires futurs, c'était pas très stable.
Changement donc en cours de montage, et c'est
cette tôle en
"U" (un ancien dissipateur d'un petit ampli) qui va servir. Montage
d'un petit circuit pour support des deux connecteurs des ventilaturs,
et d'un fusible de protection. Les deux gros relais sont aussi
installés mais sans fonction pour le moment. Pourquoi pas, si
l'utilité se fait sentir, monter un circuit de protection ?
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Voila le châssis
équipé avec les deux circuits
de résistances, reliés entre eux par une entretoise,
pour
rigidifier le tout. Le support alu pour le connecteur secteur, le petit
circuit imprimé et les deux gros relais est installé
aussi.
Plus qu'à mettre le couvercle,
après avoir
testé avec un gros transformateur pour alimenter les
résistances. Cela chauffe bien...
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Deux poignées sur le dessus du
couvercle, et montage final.
Pas de nouvelle peinture sur le couvercle,
l'état
général est encore assez bon à part quelques
traces un peu plus sombres sur le dessus. De toutes façons,
avec
la chaleur qu'il fera là-dedans...
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Le voila prêt à l'emploi !
Et lorsque cet appareil ne servira pas (car il ne
sera tout de
même pas utilisé très souvent), il sera
rangé sous le plan de travail...
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