réparation
d'un amplificateur Philips VE1320
Un amplificateur à
lampes, provenant d'un juke-box Wiegandt type Diplomat B (1957). Mais
d'autres
juke-box de ce constructeur allemand ont été aussi
équipés de cet ampli, construit par Philips
Germany.
Clic sur les
images pour agrandir.
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Cet ampli est construit sur un châssis
assez compact. Il emploie une ECC82 (préampli), une
ECC83 (préampli et déphaseur) ainsi que deux EL84 en
push-pull classe B à polarisation fixe. Redresseur haute
tension :
bloc sélénium, redresseur tension de polarisation par
diode germanium.
Hélas, transformateur d'alimentation
claqué, enroulement primaire coupé... Aïe
!!
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Vu de derrière, un des condensateurs de
filtrage a déjà été
remplacé. Les deux embases de connexions à douilles
"banane" servent à connecter la cellule de lecture des
disques. Les potentiomètres de réglage de
tonalité sont installés sur le châssis, par
contre le potentiomètre de volume se connecte via une fiche
à trois broches. Ce réglage étant
destiné à être
installé hors de la machine, il est logique qu'il ne soit pas
installé sur ce châssis. Ce connecteur pour le
potentiomètre de volume est visible sur la photo
précédente.
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Sous le châssis, il est visible que cet
appareil a déjà été
réparé - restauré. Les condensateurs ne sont
plus d'origine, le gros
redresseur au sélénium est remplacé par un
petit bloc silicium moderne. Les potentiomètres de
tonalité sont également plus récents que
l'appareil.
Premiers tests pour vérifier s'il n'y a
pas un court-circuit franc quelque part, qui aurait provoqué
la destruction du transformateur d'alimentation. Rien de suspect
à ce niveau....
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Voici le relevé du schéma de
l'alimentation d'origine de cet ampli. La HT est obtenue par un
secondaire simple, redresseur en pont
à double alternance, suivi d'un premier condensateur de
47µF. Deux résistances et deux condensateurs de
découplage pour les deux lampes de préamplification,
classique. Le secondaire 6.3V pour le chauffage des
filaments des lampes a un point milieu relié à la
masse. Ceci est fait pour éviter les "ronflements" audibles
induits par le câblage des filaments.
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Les lampes EL84 sont montées en
polarisation fixe, cathodes à la masse et grilles de commandes
soumises à une tension de polarisation négative.
Cette tension de polarisation est obtenue par un secondaire
spécifique, redressement simple, filtrage sommaire et pont
diviseur à résistances. La polarisation fixe permet
d'éviter un courant important permanent dans les lampes, et de
ménager celles-ci en l'absence de signal. Vu qu'un juke-box
est prévu d'origine pour être allumé en
permanence mais
pas nécessairement en fonctionnement, ce type de polarisation
a tout son sens ici.
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Le gros souci dans ce cas, est qu'il est difficile
de connaître les tensions des trois secondaires du transfo
d'origine : un pour les
filaments (ok ici c'est un 6.3V vu les tubes employés), un
pour la haute tension et un pour la polarisation.
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Comme les enroulements secondaires sont encore
bons, et que l'un d'eux est connu (le 6.3V), la technique va consister
à alimenter le transformateur par cet enroulement, sous 6.3V,
et de mesurer la tension sur les deux autres. Le rapport de
transformation est le même entre primaire et secondaires, tout
comme entre les secondaires ! Tant que cette mesure se fait à
vide, les tensions mesurées seront justes, sauf si bien sur
certains enroulements sont défectueux. Pour ce test,
utilisation d'un petit transformateur 230
/ 6.3V tout en
surveillant la consommation : si un des enroulements
présente un court-circuit, la consommation du
transfo en test va être importante. La mesure était
installée
côté primaire du petit transfo servant à
l'alimentation, et
ce mA-mètre n'est pas visible sur la photo !
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Les mesures ont été possibles,
les secondaires étant toujours intacts. On trouve 20V AC sur
l'enroulement de polarisation et 250V AC sur la haute tension.
Après repérage des fils,
démontage du transfo pour tentative de réparation. Un
simple fusible était placé sur le primaire (fusible
non coupé d'ailleurs), mais pas
de protection thermique insérée dans l'enroulement.
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Démontage du transfo pour permettre
l'enlèvement des tôles et y voir plus clair.
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La première tôle est toujours un
peu difficile à enlever, en la coinçant dans
l'étau et en inclinant le transfo, elle finit par venir.
Après cela, les autres s'enlèvent assez
facilement...
Mais hélas, même avec
l'accessibilité venue avec l'enlèvement des
tôles, pas moyen de trouver une coupure visible
(j'espérais pourtant !!). Rebobiner ce transformateur
impliquerait de le démonter intégralement car le
primaire est l'enroulement qui a été
réalisé en premier lieu ! Et de plus ce
transformateur est assez "rempli", il est peu probable d'obtenir des
nouveaux enroulements aussi serrés que ceux d'origine. Quand
après des heures de travail de bobinage, on
s'aperçoit
qu'il n'est plus possible de remettre les tôles, c'est assez
enrageant...
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Bon !! Puisque le transfo d'origine n'est pas
réparable (du moins sans une bobineuse "pro"), commencement de
fouilles archéologiques dans le bazar...
Et
découverte d'un châssis provenant d'une autre
ampli...Le transformateur ressemble pas mal point de vue dimensions
à celui de l'ampli Philips...
Premier test de ce transfo de
récupération, non seulement il fonctionne mais en
plus il possède des enroulements adaptables !
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Le transfo de récupération
possède un enroulement haute tension 2X 250V à point
milieu, donc redressement à modifier, pas
compliqué... Et aussi un
enroulement pour le chauffage, qui semble être de bonne
section. Pas d'enroulement pour la polarisation, pas grave, il ne faut
qu'une toute petite puissance...
Avant de se lancer dans la mécanique,
faisons un essai pour voir si cela fonctionne... Le transfo de
récupération est laissé sur son
châssis, un petit transfo de quelques VA est ajouté
pour la polarisation, ainsi que deux diodes 1N4007 pour le
redressement... Quelques fils entre les deux châssis...
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Vue rapprochée sur les connexions
provisoires, et sur le petit transfo additionnel. Tout cela est en
montage "volant", c'est juste un test... On voit aussi les deux diodes
1N4007.
Mise sous tension progressive, avec le
variac...
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Dans l'ampli Philips, montage d'un
potentiomètre de volume provisoire, et connexions volantes
aussi.
Pas d'odeur suspecte, pas de fumée... et
musique ! C'est pas parfait bien sur, les polarisations des lampes de
sortie ne sont certainement pas bonnes à ce niveau, mais cela
fonctionne ! Cet essai permet de s'assurer qu'il n'y ait pas de panne
grave dans l'ampli.
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Eh bien ! Puisque cet essai est concluant, passons
à la mécanique. Toutefois, avant de commencer la
modification de l'appareil, j'ai cherché un transformateur
d'origine pendant plusieurs semaines,
via différents forums et sites d'annonces. Celui-ci semblant
être introuvable, j'ai
opté pour la modification de l'ampli pour installation du
transformateur de récupération.
Deux trous à forer + placement de deux
rondelles caoutchouc passe-fils, voila la seule modification
mécanique qui fut nécessaire. Le transfo de
remplacement peut être fixé dans les trous du transfo
d'origine.
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Le voila en place. Pour travailler plus
aisément, j'ai provisoirement enlevé les deux gros
condensateurs.
Ce transfotmateur est un rien plus volumineux que
celui
d'origine, pas
grave...
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Sous le châssis, les fils de connexion
sont présents mais non raccordés. Un second petit
transformateur est placé pour la tension de
polarisation.
Ne reste plus qu'à câbler tout
cela...
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Début du câblage. Sur cette
photo, le secondaire
du transformateur de polarisation n'est pas encore
câblé définitivement, il le sera
après les
essais s'ils sont concluants.
A droite, la partie "secteur" avec les fusibles
primaire des deux
transformateurs. A gauche, le câblage de la HT est en cours de
reconstruction sur
une
plaquette à cosses relais, en utilisant les connexions des
vieux
condensateurs comme support (mises à la masse). Les autres
cosses de cette plaquette servent au câblage des deux diodes,
d'un fusible côté HT, et remise en place de la grosse
résistance de 5k.
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Premier test ... Il fonctionne, la polarisation
n'est pas optimale, cela s'entend mais ne met pas les lampes
en
danger (très faible courant d'anode). Par contre il subsiste
à ce stade une
légère
modulation du signal de sortie par le 50Hz. Le signal en
sortie
de la premiere lampe (au niveau du potentiomètre de volume)
est
parfait. Le souci commence au niveau de la triode qui
précède le déphaseur, mais comme la contre
réaction y revient, pas facile de déterminer qui
"ennuie"
l'autre !
Encore quelques recherches à faire... La
tension de
polarisation n'est pas parfaite non plus (et donc pourrait moduler
légèrement les grilles des EL84), et le premier
condensateur sur la HT semble faible : 47µF,
d'origine il
y avait le double ... A suivre !
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Pas moyen d'obtenir un signal de sortie propre, il
se produit un écrêtage assez important alors
que
l'engin ne donne même pas 1W de puissance !
Hélas pas
pris de photos des oscillogrammes...
Il est temps de vérifier les lampes. Les
ECC
sont ok, mais en testant une EL84 au lampemètre, je vois
une anomalie au filament... Un morceau de celui-ci semble
"sortir" de son logement (la seconde EL84 n'a pas cette
particularité)...
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De profundis.
Constaté en simple test
d'émission cathodique,
cette EL84 Telefunken
est morte...
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Le même test sur la seconde lampe EL84.
En pleine forme, celle-là
!
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Puisqu'une des deux EL84 est morte,
remplaçons-les toutes les deux par des neuves.
Et c'est une paire de ces excellentes 6P14P-EV
russes qui prennent place. Réglage de la polarisation
à l'oscilloscope pour avoir le meilleur signal... Le
résultat s'entend tout de suite, l'ampli retrouve son punch et
une bonne sonorité. Ces lampes russes sont vraiment de
très bonne qualité.
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Le câblage est terminé.
Pour
obtenir suffisamment de courant pour les lampes de sortie lors des pics
de puissance, ajout d'un second condensateur de 47µF juste
après le redresseur. Modification directement audible, un seul
condensateur de 47µF, ce n'est pas assez pour un ampli de
cette puissance (il y en avait d'ailleurs deux d'origine
d'après le schéma Philips approchant).
Remplacement des diodes 1N4007 utilisées
pour les essais par des BYW96E, bien plus robustes, elles tiendront
mieux l'appel de courant des deux condensateurs lors de l'allumage. Et,
tant qu'à faire, placement d'une NTC (provenant
d'une alimentation de PC) en série avec les diodes, cela
limitera aussi le courant d'appel des condensateurs... aussi surprenant
que cela puisse paraître, cet ampli n'a pas de self de
filtrage sur la haute tension, curieux...
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Voici le schéma modifié de
l'alimentation avec les transfos remplacés, le redressement et
le filtrage HT adaptés.
La polarisation est également
modifiée : utilisation d'un redresseur double
alternance et d'un condensateur de
filtrage de 470µF, en plus du 100µF existant.
remplacement de la diode gemanium par une 1N4007, plus solide. La
résistance de 15k d'origine (R26) a été
ajustée ici à 5.6k pour obtenir la bonne
polarisation des lampes de sortie. Avec cette
modification, plus de ronflement induit dans les lampes de
sortie par la polarisation (il y avait une ondulation de 0.5V p-p avec
les pièces d'origine)
!
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Seulement voila...
Le transformateur de récupération chauffe assez
bien, et la tension au secondaire HT s'écroule après quelques dizaines
de minutes de fonctionnement. La tension au secondaire pour le
chauffage ne bouge pas, par contre. Sans doute que
le secondaire HT a un débit en courant insuffisant, il était difficile
de l'évaluer sans le tester.
Donc, achat d'un transformateur neuf, chez
tbt-trafobau. Adaptation des
pièces de montage du transfo d'origine de
l'ampli.
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Le transformateur est remplacé.
Cette fois, c'est ok et les tensions ne varient
plus. Il aura fallu, bien sur, adapter à nouveau la polarisation des
tubes finaux
en fonction de la tension anodique provenant de ce transfo-ci, mais ce
fut sans souci...
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