Réparation d'un magnétophone à cassettes Studer A710


De l'électronique de précision et de la mécanique fine : un Studer A710.

Studer A710


Voila de la toute belle électronique, telle que les Suisses savent si bien le faire ! Précise et robuste. Voici ce qui est certainement le meilleur magnétophone à cassettes audio jamais construit : le Studer (Revox) A710.

Un appareil formidable de qualité de reproduction, conçu au début des années 80.

Celui-ci date de 1984-85 d'après les codes-dates sur les composants. Il a pas mal «vécu» et a connu deux pannes successives en un peu moins de trois ans.


Studer A710


Une fois le capot supérieur ôté, on découvre pas mal de monde dans cet appareil.

En haut à gauche, la platine de symétrisation des entrées - sorties audio. Eh oui, appareil pro : connectique par fiches XLR et signaux symétriques... A gauche en bas, la platine de commande des servo-moteurs entraînant les deux cabestans. La platine avec le contrôleur à microprocesseur se trouve sous la platine de symétrisation. Au milieu (derrière la mécanique) se trouve l'alimentation. A droite une platine «mère» dans le fond du coffret, sur laquelle sont enfichées les platines Dolby, pré-amplification et pré-magnétisation (4 platines verticales). En bas à droite, platine de l'afficheur de niveau à 2 rangées de LED.

La première panne de cet appareil, en 2010, fut l'absence d'un des deux signaux en sortie. Un des deux canaux ne donne plus aucun signal, ni sur le vu-mètre si forcément sur la sortie audio. Mais lors du tout premier test, pas de signal du tout sur aucune des deux sorties...

Studer A710


La platine de symétrisation sortie de l'appareil pour étude. Les deux sorties audio, connectées aux fiches XLR, proviennent des deux transformateurs visibles à droite de la photo. Les secondaires de ces transfos ne sont en aucun cas connectés à la masse du montage, les sorties sont donc symétriques, mais aussi «flottantes» !

Studer A710


L'entrée de mon ampli de test étant asymétrique, le point chaud doit donc être connecté à la broche 3 de la XLR, la masse à la broche 1 et la broche 2 de cette fiche, dans l'appareil (point froid), doit également être connecté à la masse. Voici qui est fait ici avec deux cordons de test, à pinces crocodiles... Après réalisation de cette connexion, il y a du son sur la sortie qui fonctionne encore.

Après quelques investigations, découverte d'un condensateur électrolytique de découplage (radial bleu Philips) en court-circuit quasi franc ! Ceci mettait à presque zéro volt l'alimentation de l'un des circuits du système de réduction de bruit de fond. On voit ce type de condensateur sur la photo de la carte de symétrisation, ci-dessus... La panne se trouvait au niveau de la platine «Dolby». Heureusement pas d'autres dégâts que ce composant! Après remplacement, l'appareil refonctionne. Mais ... Dans quel état sont les autres condensateurs du même type ? Ils ont le même âge et un nombre d'heures de fonctionnement identique! Quelques test au hasard et bien des mauvaises surprises : la plupart mauvais ! Certains, ayant une valeur nominale de 47µF n'en valaient même plus 5 !

Studer A710


Décision : remplacement intégral de tous ces condensateurs radiaux bleux. Voici la platine de symétrisation totalement rénovée (excepté les deux gros axiaux bleus, tout à fait impeccables), et remontée dans l'appareil.

Studer A710


La platine de décodage «Dolby» dans laquelle le condensateur était en court-circuit, «paralysant» ainsi un de ces circuits intégrés. Heureusement, ce circuit n'a pas claqué... Photo prise après remplacement de tous les condensateurs électrolytiques.

Pour accéder à certaines platines, il a fallu démonter la façe avant de l'appareil. Voici quelques photos de cette magnifique réalisation.

Studer A710


en cours d'ouverture...

Studer A710


La façe avant démontée, on voit le mécanisme.

Studer A710


Vue rapprochée du mécanisme. Les 3 têtes sont visibles, et à noter : la présence de deux axes de cabestans, et de deux roues d'entraînement de la bande. Ceci assure une vitesse de défilement parfaitement stable. Les deux axes qui entraînent les bobines de la K7 ont leur vitesse contrôlée par un capteur : les deux circuits imprimés sont visibles près des deux axes.

Studer A710


Vue sur le mécanisme intérieur. La solénoïde visible sur le dessus est un électro-aimant, qui bloque la cassette correctement dans le mécanisme, lors de la lecture ou de l'enregistrement.

Studer A710


Vue sur un des moteurs d'entraînement des bobines de la cassette.

Studer A710


Vue sur un des servo-moteurs de cabestans. A noter la présence d'une platine de commande inséré dans cet ensemble.

Après remplacement des condensateurs et remontage, cet appareil refonctionne à nouveau.

Mais voila, fin 2012, nouvelle panne : il ne tourne plus et donc ne peut plus lire ou enregistrer des K7... Les deux servo-moteurs des cabestans ne sont plus entraînés.

Studer A710


La platine qui commande les deux servo-moteurs. Pas de schéma au moment du dépannage, un peu d'observation d'abord. On trouve une série de circuits intégrés C-MOS de la série 4000 et deux quadruples amplis-op pour l'asservissement (traitement du signal de retour des servos). Auprès d'un des circuits intégrés (4069, six portes inverseuses) se trouve un quartz de 3MHz. Comme le circuit qui est connecté sur la sortie de ces portes inverseuses est un compteur 4020 (probablement un diviseur de fréquence), la fonction de plusieurs portes du 4069 est une horloge...

Studer A710


Vérification du fonctionnement de l'horloge à l'oscilloscope (le quartz fut suspecté au départ) : pas de signal nulle part, et surtout tant les entrées que les sorties du 4069 sont toutes au niveau logique «1». Pour des inverseurs, ce n'est pas trop normal ! Remplacement du 4069 (avec un support, tant qu'à faire...) et remise en place de la platine... Les servos se mettent en route à nouveau.

Studer A710


Le signal de 3MHz tel que mesuré sur la broche entrée horloge du 4020. Avec le remplacement de ce circuit, les servos tournent, mais sont-ils à la bonne vitesse ? En l'absence d'une K7 étalonnée, essai avec une K7 bien enregistrée. Tout semble normal à l'audition, finalement c'est logique puisque les servos sont pilotés par cette base de temps, fonctionnant avec un quartz comme rérérence.

Studer A710


Le voila réparé point de vue mécanique... Subsiste encore un petit souci : quand commutation du signal de sortie via le réglage par le potentiomètre de niveau (à droite sur la photo), présence de grésillements et d'un peu de distorsion. Par contre en passage direct (bouton «output» non enfonçé) cela fonctionne impeccablement. Ca ne devrait pas être trop grave...

Studer A710


Ce potentiomètre est connecté sur une platine de commutation et d'ampli pour le casque, accessible par le dessous de l'appareil. On commence par ôter le panneau de fond...

Studer A710


Puis, on voit la platine, mais il faut la démonter pour accéder aux composants car la platine de l'afficheur de niveau est juste au dessus... Lors d'un test, en mesurant sur les broches du quadruple commutateur C-MOS type 4066, le grésillement apparaît puis disparaît...

Studer A710


Pour enlever cette platine, il faut démonter toute la façade avant, puis le support sur lequel sont également montés les potentiomètres et l'afficheur de niveau. Et il y en a des vis à enlever, c'est du solide !

Studer A710


La platine démontée pour réparation. Tout d'abord remplacement du support du CD4066 puis remontage de l'appareil et tests. Mais le souci se faisait encore entendre de temps en temps. Remplacement du 4066 et ce fut solutionné.

Deux capas radiales d'origine m'avaient échappé lors du premier dépannage, changées aussi, tant qu'à faire... Des 4,7µF normalement, mais qui n'en valaient plus que 0,5 ! Ces condensateurs Philips ont bien mal vieilli.

Studer A710


Le voila réparé à nouveau. Pour tester cette superbe machine, j'ai ressorti des très vieilles K7 oubliées dans un tiroir depuis longtemps... Elles datent de mon adolescence pour certaines mais sont restées tout à fait lisibles, 30 ans après! Bien sur à l'époque je n'avais qu'un enregistreur assez basique, donc la qualité est ce qu'elle est, mais relues sur cet appareil-ci, c'est tout à fait acceptable. Ce qui prouve quand même que ce support est relativement fiable dans le temps...

Le contenu, pour les plus anciennes c'est de la new-wave et autres trucs qu'on entendait sur «Radio-Cité» (la radio du week-end de Radio 21) vers 1982-84, dans ces années-là. Deux K7 contiennent également l'enregistrement du «hit des clubs» de radio NRG en décembre 1991... Point de vue musical, tout ceci est encore assez écoutable, entre 20 et 30 ans après.

Par contre, les autres K7 sont bien pires point de vue contenu ! Enregistrées dans des discothèques ou j'ai eu «mes habitudes» entre 1986 et 1995 : le Real (Tongeren), le Mac Queen (Borgloon), La Chapelle (Liège), le Kariba (Barchon),...

Ouh la la, tout cela a assez mal vieilli ... beaucoup moins bien que moi, hé hé hé... Bouh ! Remettons tout ce fatras au fond du tiroir d'ou il provient, et oublions ces vieilles cassettes à nouveau, pour les 25 années à venir!

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