Réparation / restauration d'un magnétophone Revox A700.


Un bon modèle de magnétophone de chez Revox : le A700.

Moins connu que les célèbres A77 et B77 de la marque, cet appareil a été commercialisé à partir de 1973.
C'est une belle machine, haut de gamme, une magnifique conception mécanique et électronique.

Celui-ci a une panne, il va falloir l'examiner. Heureusement les manuels techniques et schémas sont disponibles sur Internet, et ici il y a même la version papier avec l'appareil. C'est indispensable pour dépanner un tel engin, car il est d'une certaine complexité...

De même, après quelques recherches sur le web (pour conseils et avis), des informations intéressantes sur les points faibles de ces appareils ont été trouvées, principalement sur des forums en allemand. Cela sera utile pour la restauration de celui-ci.

Revox A700

Eh bien, quel est son souci à ce gros monstre ?
Il ne fonctionne plus en lecture et passe directement en arrêt après avoir lancé la fonction.
Par contre le rembobinage (dans un sens comme dans l'autre) fonctionne convenablement.

Vu qu'il ne tourne plus en lecture, pas plus de tests ne sont possibles (audio, etc...). Mais tout cela était ok avant qu'il ne tombe en panne.

Le voila sur l'établi pour autopsie...

Revox A700

Le panneau de commande est bien complet et inclut même une petite table de mixage audio.

Les boutons de commande des fonctions sont électriques, et équipés avec des petites ampoules s'allumant quand la fonction est en cours. Les 3 boutons à droite servent à sélectionner la vitesse de défilement de la bande (9,5, 19 et 38cm/s). Celui de la vitesse choisie s'allume quand la vitesse est bien atteinte et stable.

Revox A700

A l'arrière, vue sur les connecteurs d'entrées et sorties audio. Des fiches DIN et des RCA sont installées.

Revox A700

Une fois le panneau arrière enlevé, on découvre l'intérieur. C'est pas mal rempli !

Le gros moteur d'entraînement du cabestan est visible et celui de gauche (bobine) aussi. Celui de droite (bobine) est caché par le sélecteur de tension secteur.

La "boîte" de droite contient les circuits audio et leurs nombreux potentiomètres d'ajustages.

Revox A700

Une fois le panneau supérieur enlevé, un gros radiateur avec 3 transistors Motorola est visible. Ces 3 composants servent à réguler le courant dans les 3 moteurs, en étant commandés par leurs régulations respectives.

Revox A700

Oh, un précédent dépannage !
Un redresseur d'origine a été remplacé par un BY164 (boîtier vert) sur la platine d'alimentation.
Trois condensateurs électrolytiques (deux visibles sur la photo) ont été changés aussi. Derrière la platine d'alimentation, près du relais, des condensateurs "blocs" jaunes sont visibles, plus récents que la construction de cet appareil.

Ceci semble être les seuls dépannages réalisés dans cette machine, tout le reste est d'origine à première vue.

Revox A700

Vue rapprochée sur le moteur de cabestan.

En fait, le souci est à ce niveau : il ne tourne plus...
Fatalement, la lecture ne peut alors plus fonctionner.
Les deux autres moteurs ont leur propre régulation basée sur la tension de la bande et sont indépendants de la régulation de ce moteur-ci. Cela explique que les fonctions de rembobinage sont encore ok alors que la lecture ne se fait plus.

Revox A700

Voici le schéma de la régulation du cabestan.

Ce moteur contient un enroulement tachymétrique, donnant ainsi un retour précis de sa vitesse de rotation.

IC1 met en forme le signal issu de cet enroulement, afin d'obtenir des signaux rectangulaires proportionnels à la vitesse de rotation.
Le premier ampli opérationnel filtre ce signal tachymétrique, et l'amplifie.
Le second ampli opérationnel (et ses composants connexes) constritue un redresseur, transformant les signaux sinusoïdaux en rectangulaires.

Ces signaux vont être appliqués sur la broche 10 du circuit IC2, un TDA1000 spécialement développé pour Studer.

Ce circuit contient une horloge à quartz très précise, et les 3 sélecteurs de vitesse y sont raccordés sur des entrées. C'est en fait un régulateur, comparant les signaux tachymétriques provenant de IC1 avec sa référence interne (dépendant de la vitesse choisie), et ainsi sortir des impulsions de correction en fonction de la dérive entre la vitesse réelle et celle voulue.

Quand cette synchronisation est bonne, une sortie (broche 5) du TDA1000 devient active, permettant l'allumage de la lampe témoin du bouton de la vitesse choisie.

La sortie (broche 7) du TDA1000 va alors piloter l'électronique de régulation du moteur, qui contient deux transistors (circuit transformant les impulsions en signaux d'une autre forme) et IC3, un TCA561. Ce circuit intégré a également été développé pour Studer.

Le TCA561 est totalement introuvable de nos jours, le TDA1000 "un peu" moins. A noter qu'une version de cette régulation utilise 6 circuits TTL standards en lieu et place du TDA1000...

Revox A700

Première chose à tester : l'enroulement tachymétrique et sa circuiterie sont-ils toujours ok ?

La probe de l'oscilloscope est mise en contact avec la broche 1 de IC1 : sortie de l'ampli-op ou l'on doit trouver des signaux carrés allant au TDA1000.

Pour le test, il suffit de faire tourner le moteur à la main et observer l'écran de l'oscilloscope...

Revox A700

Des beaux signaux bien marqués et au bon niveau (5V) sont présents, toute cette partie est encore fonctionnelle. C'est déjà cela...

Essai suivant (sans photos) : test du TDA1000. Son horloge fonctionne bien, mais sa sortie régulation (broche 7) reste en permanence à zéro : il s'y trouve 0,3V tandis que sur la broche 8 (sortie inversée) il se trouve 3,2V : ce n'est pas normal et laisse même supposer un souci dans l'IC.

Revox A700

Démontage de la platine de régulation cabestan.

Les trois IC sont visibles et montés sur supports. Les 3 sélecteurs de vitesse sont montés sur cette platine, ce sont des entrées du TDA1000. Les lampes témoins sont allumées par cet IC si la vitesse est bonne.

3 condensateurs électrolytiques Frako (oh que je ne les aime pas...) sont présents pour découplage des tensions d'alimentation. Mais surtout, il se trouve ici nombre de ces horribles condensateurs rouges "perle" au tantale (oh que je les déteste !) dans les différents circuits.

Revox A700

Et cela n'a pas raté : un des condensateurs tantale (C9) est en court-circuit franc.

Et, bien sur, il est monté sur une des sorties du TDA1000 (broche 5, sortie Sync)... Aïe !!

Après remplacement des condensateurs tantale sur cette platine, l'essai suivant est plus radical.
Extraction du TDA1000 hors de son support, puis remise sous tension : le moteur du cabestan démarre ! Bien sur pas à la bonne vitesse, mais il tourne...

Il semble donc que le TCA561 soit ok, l'électronique de puissance du moteur aussi, et que seul le TDA1000 soit mort.

Vérifions cela par un autre test...

Revox A700

Sur la platine se trouve un point de test, destiné au réglage de la régulation.

Ce point de test est connecté à la sortie du TDA1000 via une résistance. Cet IC étant enlevé, l'idée est d'envoyer à cet endroit un signal pour voir si la régulation du TCA561 agit encore.
Pour cela, connexion de la sortie du générateur de signaux à ce point test (à ne faire qu'avec le TDA enlevé !)

Sur la photo ci-contre les deux "grips" sont visibles, pour acheminer ces signaux de test au bon endroit sur la platine.

Revox A700

Le test en cours. Le générateur sort des signaux carrés 0-5V d'amplitude, autour de 800Hz.

L'oscilloscope est connecté à la broche 1 de IC1 (comme pour le premier test, voir ci-dessus) afin de voir les signaux provenant de la bobine tachymétrique. Ces signaux sont bien visibles sur l'oscilloscope.

Et cela fonctionne ! En changeant la fréquence des impulsions, la vitesse du moteur varie légèrement, et il accélère lors de l'arrêt de l'envoi des impulsions.

A ce stade, il est donc possible d'écarter une panne dans le TCA561 et la circuiterie de pilotage du moteur. C'est la régulation qui est hors-service suite à la défaillance du TDA1000.

Revox A700

Voici donc le coupable de la panne...
Sa destruction a probablement été provoquée par le claquage du condensateur tantale C9.

Très, très difficile à trouver.
Heureusement il y a les amis : quelques mails envoyés, et une semaine après un circuit de remplacement arrivait dans la boîte aux lettres ! Merci à Jan et à Marc !!

Revox A700

Maintenant, tous les condensateurs polarisés (tantales et électrolytiques) sont remplacés par des Panasonic série FC, d'excellente qualité.
Ci-contre, la platine restaurée avec le TDA1000 de remplacement installé sur le support.

Important !... et non visible sur la photo : il faut absolument remplacer le potentiomètre ajustable (valeur 250Ω) de stabilisation vitesse.
Ce composant est un modèle "Ruwido" sur support bakélite, prêt à provoquer pas mal de mauvais contacts ! Si le curseur ne touche plus la piste carbone, il est impossible d'obtenir la vitesse élevée stable. Pour les 2 autres vitesses "cela peut encore aller"...

Je ne suis pas un adepte du "recapage" intégral quand il n'est pas nécessaire.

Mais ici tous ces condensateurs ont 50 ans. Et, vu la difficulté de trouver les circuits intégrés spéciaux, il n'est pas question de prendre le moindre risque à conserver de ces composants anciens, pouvant provoquer des pannes plus importantes par leurs défectuosités.

Un test par échantillonage a été fait lors de l'enlèvement des anciens condensateurs tantale sur les deux cartes de régulations moteurs : au moins la moitié ont changé de valeur.
Un seul était finalement en court-circuit ici, ce qui a probablement fait claquer le TDA1000, mais la plupart des autres ne sont plus très vaillants. Et tout cela ayant le même âge et le même nombre d'heures de fonctionnement, ne prenons pas le moindre risque. Surtout au prix de quelques petits condensateurs électrolytiques de qualité...

La carte de régulation des moteurs porte-bobines a été rénovée aussi : nouveaux condensateurs remplaçant les tantale et les électrolytiques. Et les deux transitors BC108C montés en sortie des TCA561 ont été remplacés par des BC546, tenant 80V de tension collecteur émetteur, contre 30 pour les BC108. Et comme ici cela travaille sous 24V DC, autant se prémunir d'une panne possible - surtout avec le risque de détruire un de ces circuits intégrés introuvables... Pas de photos de cette carte après rénovation.

Revox A700

Toujours une petite appréhension au moment de remettre sous tension...

Mais cela fonctionne au premier coup ! Ouf !

Ici, lors de la photo, lecture d'une bande enregistrée à 9,5cm/s. Les témoins des boutons de sélection de vitesse s'allument bien, indiquant la parfaite régulation.

Revox A700

Maintenant que la partie "moteurs" est en ordre, passons à la rénovation des cartes de la partie audio.
Il faut enlever la tôle de fond pour pouvoir les démonter. Les axes des commutateurs peuvent rester en place, ils sont emboîtés dans les bases de ces commutateurs, soudées sur les circuits imprimés verticaux.
Toutefois, pour plus de facilité au démontage, j'ai ôté les petits circlips qui maintiennent ces axes en position derrière la face avant. (photos ci-dessous, au remontage)

Revox A700

Voici les platines audio avec les condensateurs tantale remplacés par des électrolytiques de qualité (Panasonic FC).

Revox A700

Prêtes pour le remontage dans l'appareil...

Revox A700

Le démontage n'avait pas été drôle (pas de photos) et laissait présager un remontage assez éprouvant.

Et ce fut le cas ! Il faut remettre en place tous les connecteurs, puis insérer cet ensemble dans le châssis de l'appareil...

Et, en même temps, faire coïncider tous les axes des commutateurs dans les mécanismes, qui sont soudés sur les circuits imprimés.

Opération à faire en étant bien zen et détendu, cela ne "va" pas au premier coup... Ni au second, d'ailleurs !
Drôle de conception de la part de Studer / Revox... Ou bien il y a une astuce que je n'ai pas devinée !

Revox A700

Pour avoir plus facile d'extraire l'ensemble électronique, les circlips sur les axes des commutateurs ont été enlevés.

Après remontage, il faut bien sur les remettre en place pour éviter que les axes ne "partent" dans les commutateurs à l'intérieur de l'appareil.

Une fois cela fait, la face avant peut être remise en place. Ensuite, tous les boutons sur les axes.

Revox A700

Voici la platine d'alimentation.

Celle-ci comprend 4 électrolytiques Frako de 2200µF (40V, 16V et 25V) ainsi que 3 tantales de faible capacité.
Outre ces condensateurs, les ponts redresseurs d'origine sont un peu "justes" point de vue tenue en courant : un des trois a d'ailleurs été remplacé lors d'un dépannage précédent.

Revox A700

Côté pistes on voit un "coup de pétard" bien noir.

Et pourtant cela n'est pas causé par cette partie de l'appareil !

Revox A700

Un des condensateurs de la platine relais a du claquer, d'origine c'était de ces composants transparents pour usage en alternatif, qui deviennent mauvais et explosent. La trace noire sur le circuit d'alimentation est de la matière de l'ancien condensateur, qui est monté à proximité.

Ici ils ont tous été remplacés par des "blocs" jaunes, lors d'un dépannage précédent par l'ancien proriétaire.

Revox A700

Voici la platine remise en état avec les nouveaux condensateurs.
Les 3 ponts redresseurs 50V/800mA d'origine sont remplacés par des modèles 400V/1,5A actuels. Ici aussi, simplement par sécurité pour l'usage futur de cet appareil.

Revox A700

La platine d'alimentation est en place.

Pour le premier essai, il vaut mieux ne pas connecter le reste de l'électronique, au cas ou... Il suffit, pour cela, de laisser les connecteurs débranchés.

Lors de ce test, le +5V est chargé par une résistance de 47Ω et le +24V par une 2,2kΩ.

Revox A700

Toutes les tensions sont bonnes, sauf le +5V qui est un peu haut (5,3V).

Ça, j'aime pas. Cette tension alimente toute la partie logique de l'appareil, dont les circuits intégrés spécifiques Studer de la commande des moteurs. Bien sur ce n'est pas énorme comme "surtension", mais...
Comme cela alimente des composants devenus bien rares, vérifions ce qui se passe...

Revox A700

Voici le schéma de la régulation +5V et +12V.

Cette section 5V de l'alimentation est basée sur les transistors Q1, Q2 et Q3.
Mais la régulation se fait sur base de référence du +12V, par le pont diviseur à résistances R3 et R4. Dans un sens c'est bien car si le +12V est absent il n'y aura pas non plus de +5V. Mais à coté de cela, cette alimentation 5V peut aussi dériver si jamais le 12V est instable ou hors tolérances.

A l'époque, une panne dans cette alimentation aurait aussi causé d'autres dommages : mais c'était réparable puisque tous les composants étaient encore disponibles facilement. Si ce point de vue était conçevable en 1973, ce n'est plus le cas 50 ans après.

Cette section de l'alimentation mérite d'être revue, par sécurité pour l'usage futur.

Tout en réfléchissant un peu avant d'agir !
Car si Studer a pris le soin de lier la partie +5V à la présence du +12V, c'est qu'il y avait une bonne raison. Et elle est facile à comprendre puisque la régulation des moteurs fait appel au +5V pour la commande logique & correction de vitesse cabestan, ainsi qu'au +12V pour la régulation des moteurs elle-même. En cas de soucis sur le +12V, la régulation pourrait faire n'importe quoi (ou plus vraisemblablement ne plus fonctionner du tout) : il vaut mieux dans ce cas ne plus avoir de commande logique, et le plus simple pour cela est de couper l'alimentation de la partie logique en faisant disparaître le +5V !

L'idée est de placer un régulateur de tension actuel (7805 ou plus récent), ainsi la régulation serait stable (indépendamment du +12V), en remplacement des composants discrets, tout en conservant la surveillance du +12V.

Revox A700

Voici le schéma avec la modification de la régulation 5V.

Les transistors Q1, Q2 et Q3 d'origine sont conservés mais utilisés maintenant comme commutateurs. Quand le 12V est présent, Q1 devient actif et met en conduction Q2 et Q3 : la tension redressée et filtrée (diminuée de 0,7V, Vce de Q3 saturé) est alors présente à l'émetteur de Q3. Il faut supprimer D3, D4 et D5. La résistance R5 devient 820Ω et R3 devient 1,5kΩ.
Il faut alors insérer un régulateur type 7805 entre l'émetteur de Q3 et la piste allant au connecteur. L'entrée du 7805 est découplée par un condensateur de 47nF et la sortie par un 220nF.

Revox A700

L'alimentation modifiée.

Le régulateur 7805 a pris place sur la cornière en aluminium, en étant isolé de celle-ci. Ses pattes sont légèrement allongées avec des fils de connexion (isolés). Les deux condensateurs de découplage ont pris place sur le circuit imprimé.

Revox A700

La cornière alu est montée contre le gros refroidisseur du dessus de l'appareil : elle sert non seulement de support mais aussi de conducteur thermique pour les transistors de régulation.

De ce fait, il est donc important que la tête de la vis de fixation du régulateur ne dépasse pas de cette cornière, qui doit être parfaitement contre le refroidisseur. Usage d'une vis à tête cônique, et d'un percement avec fraisage. Un coup de lime par dessus tout pour ôter les aspérités et rendre tout cela bien plat...

Revox A700

Après remontage et test de l'alimentation, remise en état de la partie puissance des moteurs.

Sur les trois petites platines (une par moteur), remplacement des redresseurs par des plus solides (1000V / 1,5A contre 400V / 0,8A d'origine).

Sur la platine du moteur bobine gauche, il restait un de ces condensateurs Rifa 0,47µF ... Houlala ! Heureusement il n'a pas claqué ni explosé, mais le plastique commençait à se fendiller, ce qui annonce la fin de vie de ce composant. Remplacement sans hésitation par un nouveau !

Revox A700

Les condensateurs moteurs d'origine sont vissés sur le refroidisseur. C'est une configuration qu'il est préférable d'éviter tout de même puisque cette plaque qui sert de montage... chauffe. Ce qui n'est jamais fort bon pour la santé des condensateurs, d'autant que les nouveaux sont en enrobage plastique.

Usage de prolongateurs taraudés M8 et de petits boulons (en fait des grands, recoupés à bonne longueur) pour monter les nouveaux condensateurs à distance du refroidisseur.

Revox A700

Les 3 nouveaux condensateurs moteurs sont installés, à bonne distance de la chaleur. Il a fallu remplacer leurs fils de connexion par des plus longs, mais ce n'est pas un gros problème !

Revox A700

Un test de durée avec une bande enregistrée. Lecture, rembobinage, avance rapide, ...

Tout semble ok à ce niveau et le plus gros du boulot est fait sur cet appareil.

Mais c'est pas fini pour autant ! Il reste encore quelques démoniaques condensateurs au tantale un peu partout, notamment au niveau des capteurs de tension de bande et platines d'égalisation des signaux.

Revox A700

Pour accéder aux modules de mesure de tension de bande et de vitesse, il faut démonter la face avant.

Rien de bien compliqué, quelques vis, les rouleaux de tension de bande et le galet du cabestan à enlever pour pouvoir ôter la tôle...

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Le module de mesure de la vitesse de défilement de la bande contient deux condensateurs au tantale.

Ils n'étaient pas (encore) mauvais, mais vu qu'ils ont le même âge et le même nombre d'heures de service que les autres, autant ne pas prendre de risque !

Revox A700

Retour à l'arrière de l'appareil avec les platines d'égalisation des niveaux sonores.

3 platines ici : une avec l'oscillateur d'effacement (au-dessus) ; une avec le préampli d'enregistrement (au milieu) et enfin celle avec le préamplificateur de lecture (en-dessous).

Ces trois platines comprennent aussi des condensateurs au tantale, pas seulement en découplages d'alimentations, mais aussi en couplages sur le signal audio.
Etant donné Le grand nombre de ces condensateurs défectueux déjà trouvés dans cet appareil (dont plusieurs en court-circuit franc), ici aussi le remplacement s'impose...

Revox A700

A gauche le préampli de lecture et à droite l'oscillateur d'effacement et prémagnétisation.

Sur cette platine, les 6 ajustables permettent de régler les niveaux de prémagnétisation pour chaque canal et à chaque vitesse de défilement de la bande.
Lors des interventions sur ces platines, il faut faire très attention à ne pas faire bouger les réglages de ces ajustables, au risque de devoir refaire l'étalonnage ! Mais en fait ces ajustables sont mauvais, le constat sera fait quelques jours plus tard...

Revox A700

Un des deux vu-mètres ne fonctionne plus.

Sur la platine d'amplification pour leur commande, contrôle de l'arrivée des signaux sur l'ajustable (ci-contre). OK.

Ensuite, vérification sur la sortie de la platine, allant au vu-mètres, le signal amplifié est bon aussi.
Aïe !!

Revox A700

Démontage des vu-mètres (qui sont installés dans un seul bloc d'ensemble) et hélas, hélas, constat du bris du mécanisme du vu-mètre de droite. La pièce mobile, supportant l'aiguille, est détachée du cadre mobile... Cela semble être une panne récurrente de ces appareils.

Revox A700

Une recherche sur le web permet de se rendre compte que cet ensemble de vu-mètre n'est pas courant. Au moment de ce travail, un était en vente au prix de 280€...
Dans mon bazar se trouve 3 vu mètres de la même marque "Bertram" et dont les cadres mobiles ont la même résistance que ceux d'origine. Hélas les dimensions des cadres mobiles ne sont pas identiques... Il va falloir retrouver un ensemble d'origine ou se résoudre à installer un modèle à LED (reconstruit pour ce type d'appareil et disponible en Allemagne).

Revox A700

Vient maintenant l'essai en enregistrement.

Et encore un problème... En mode "input" les deux signaux (gauche et droit) passent bien vers la sortie. Mais en mode "tape" (écoute de l'enregistrement), seul le canal gauche passe...

Par contre, avec le sélecteur du dessus, en mode L (canal gauche vers les deux sorties) le signal de la piste gauche est bien envoyé vers les sorties droite et gauche.

Pas bon,cela... Le canal droit ne s'enregistre donc pas. Les circuits d'amplification et traitement des signaux pour l'enregistrement étant spécifiques, voyons voir ou cela se passe...

Mesure à l'oscilloscope directement sur les broches de la tête d'enregistrement : strictement aucun signal n'arrive sur un des deux enroulements. La tête est intacte, heureusement.

Le manuel de schémas est très bien fait et permet de suivre les signaux. Ceux allant à la tête d'enregistrement proviennent de la carte de prémagnétisation, ou le signal 150kHz est mélangé au signal audio.

Revox A700

Ci-contre, le schéma avec l'arrivée signal à enregistrer (Y3-REC L), et le mélange avec la prémagnétisation (par le transformateur). Le mélange est envoyé vers la tête d'enregistrement.
Un FET (entouré en rouge ci-contre) permet de court-circuiter le signal audio si le canal ne doit pas être enregistré. Il y a deux boutons (avec témoins rouges) prévus pour cela.

Revox A700

Quand cela ne doit pas rater, cela ne rate pas...

Un des deux FET est claqué, court-circuit franc entre drain et source ! Des vieux modèles à canal P en plus (pas les plus simples à trouver), type P1087E.

Dans l'attente de recevoir des équivalents (à nouveau merci à l'ami Marc !), il peuvent être simplement enlevés pour les essais suivants. Il ne sera simplement plus possible de ne pas enregistrer une des deux pistes, les deux seront en permanence actives.

Revox A700

Après enlèvement des FET, le canal droit enregistre, mais faiblement.

Les mesures sur les cartes de préampli et de prémagnétisation ne sont pas faciles à faire, car logées dans la "boîte" de blindages, et l'une au-dessus de l'autre.

Ici placement de deux fils sur les entrées signaux provenant de la préamplification, sur la platine de prémagnétisation. Mesure, et ces signaux sont tout à faits bons, équivalents en amplitude (essai à 1 et 10kHz).

Revox A700

Du signal arrive bien maintenant au canal droit de la tête d'enregistrement, mais toujours faible : tant le signal audio que celui de la prémagnétisation.

Par canal, on trouve 3 potentiomètres permettant de régler la prémagnétisation : un par vitesse.
La sélection se fait par des portes logiques TTL.

Revox A700

Le signal de prémagnatisation est issu du même générateur que celui d'effacement, et a une fréquence de 150kHz.

Bien propre et stable, pas de souci à ce niveau.

Revox A700

Chaque potentiomètre de filtre est donc sélectionné par vitesse, pour pouvoir ajuster précisément la prémagnétisation par piste et vitesse : d'où les 6 potentiomètres.

Regardons le signal à chaque curseur de ces potentiomètres et aux différentes vitesses (en mode enregistrement bien sur). Canal gauche c'est logique, le signal est différent à chaque curseur pour chaque vitesse. Sur les curseurs correspondant à la vitesse choisie le signal est plus faible, et maximal sur les curseurs non sélectionnés... Normal.
Par contre, canal droit ce signal est très affaibli quelque soit la vitesse choisie...

Revox A700

N'y aurait-il pas un souci dans les commutations sur cette platine ? Circuit intégré TTL défectueux ou autre raison...

Pour le savoir, et mesurer simplement sans aller "promener" une sonde de multimètre un peu partout (accès difficile), connexion de 8 LED pilotées chacune par un simple transistor NPN. Cela fait partie de mon petit système d'essais.... Bien sur il faut connecter aussi les masses ensemble (magnétophone et affichage), les LED étant alimentées par une source externe.

Revox A700

La carte de prémagnétisation est remise en place dans l'appareil, avec les petis conducteurs soudés côté pistes (aux sorties des portes TTL) et allant vers l'affichage LED.

Revox A700

Les LED indiquent des signaux logiques tout à fait cohérents. Il faut faire l'essai à chaque vitesse et en sélectionnant alternativement canal gauche, canal droit, et les deux ensemble. On peut maintenant éliminer un souci à ce niveau.
Ci-contre, les commutations pour les deux canaux actifs ensemble et à la vitesse maximale.

Revox A700

Tout semble donc bon au niveau des commutations, mais les potentiomètres de réglage de cette carte sont en bien mauvais état ! Ici aussi des "Ruwido" à support bakélite. Certains curseurs ne font en fait plus contact du tout !

Revox A700

Cela aurait du me "sauter" aux yeux lors des manipulations précédentes de cette platine, mais voila... De prime abord, la logique fut suspectée car ce qui était mesuré le laissait penser... C'est aussi cela le dépannage et la recherche d'erreurs !
Bref, remplacement des anciens ajustables par des nouveaux, voici qui est fait... Hélas cela signifie devoir refaire le réglage des pré-magnétisations, comme décrit dans le manuel.

Revox A700

Tant qu'à avoir à nouveau cette carte sur l'établi, profitons-en pour y remettre les P-FET de remplacement. Les originaux étant difficiles à trouver, c'est des 2N5460 qui vont être installés.

Seulement le brochage n'est pas identique...

A l'emplacement des anciens transistors se trouvent en fait 4 pastilles, deux étant prévues pour la connexion du Drain (voir photo annotée ci-contre) : cela permet de monter différents types de transistors avec différents brochages. Bien pensé !

Revox A700

Et voila le 2N5460 mis en place, et c'est pareil pour celui de l'autre canal : bien que celui d'origine était toujours ok, j'ai préféré placer deux transistors identiques.

Ces composants sont en effet en plein sur le "trajet" des signaux vers les deux canaux de la tête d'enregistrement. Autant avoir la meilleure symétrie possible.

Revox A700

La platine de préamplification d'enregistrement étant aussi "farcie" de ces ajustables Ruwido, décision de les remplacer aussi pour éviter bien des soucis dans le futur.

Avant démontage, mesure des résistances des anciens entre curseur et chacune des extrémités.

Ceci permet de positionner les nouveaux assez proches des valeurs des anciens, et de repartir avec des réglages proches de ceux qui étaient déjà faits.

Car il a fallu reprendre les réglages d'enregistrement et pré-magnétisations pour chaque vitesse. Hélas pas de photos prises pendant cette étape, car concentration et attention maximale : donc oubli de l'appareil photo ! Ces réglages sont bien décrits dans le manuel.

Revox A700

Cela n'a pas été sans mal !!

Enormément d'heures consacrées à la remise en ordre de ce monument suisse !
Photo ci-contre, prêt pour un test de durabilité : enregistrements multiples et sans interruptions, pour voir si tout tient bien le coup !

Le résultat est à la hauteur, cette machine est vraiment excellente.

Revox A700

Eh bien, un fameux paquet de composants ont finalement du être changés !

Vu "comme cela" cela semble simple, mais cette machine ne l'est pas du tout. La remise en état, qui ne fut pas ici un bête "recapage" (comme on le lit sur le net maintenant...), mais fut bien un vrai dépannage de plusieurs soucis cumulés.
Recherches, lecture des documentations, analyse des schémas, et compréhension du fonctionnement de cette machine complexe : indispensable avant toute intervention !

Il y a tout de même une question à se poser avant de se lancer dans une telle restauration.

Cela en vaut-il la peine ?

  • Oui, car c'est une excellente machine.
  • Oui, car elle peut encore fonctionner longtemps.
  • Oui, car ses performances sont exceptionnelles.

Mais... le travail de remise en état est tout de même conséquent - tant en nombre d'heures à y consacrer que point de vue impact sur le système nerveux ! De plus, le coût de la quantité de composants à remplacer n'est pas négligeable non plus.
Et enfin, il faut garder à l'esprit que la conception de ces appareils date du début des années 70, les composants aussi.

Et cet âge est tout le problème !

  • Ici la trouvaille d'un TDA1000 de remplacement a été une chance inouïe, si cela avait été un TCA561 claqué, l'appareil n'aurait pas pu être redémarré faute de trouver ce composant spécifique, qui n'a aucun remplaçant "équivalent" connu. Ces circuits intégrés TDA1000 et TCA561 ont été conçus et fabriqués à l'époque pour Studer / Revox et ne sont bien entendu plus disponibles depuis longtemps.
  • Le souci est le même avec les vu-mètres quasi introuvables : cela n'empêche pas le fonctionnement en lecture, mais en enregistrement c'est déjà plus problématique. Il faudra s'en passer ou se rabattre sur une solution avec un ensemble de reconstruction (avec LED) de fabrication contemporaine.
  • C'aurait été la même chose s'il avait fallu de ces circuits intégrés amplis opérationnels TBA931 utilisés dans les circuits audio, plus fabriqués depuis des décennies. Il est possible de placer des composants plus modernes, mais cela demande adaptation des circuits connexes.
  • Sans parler des potentiomètres à curseur, en plastique, qui parfois nécessitent le remplacement, mais ici aussi avec la difficulté pour retrouver des modèles similaires point de vue dimensions...
  • Et enfin, coup de bol ici, pas de soucis mécaniques ! Car les pièces ne doivent pas être faciles à trouver non plus...

Dès lors, vu la très grande difficulté d'approvisionnement de certaines pièces, et le travail très conséquent de rénovation, la question de la remise en état de ces rares et anciennes machines se pose. Bien sur, c'est le cas de tous les appareils électroniques anciens, mais à partir du moment ou ils ne comportent pas de composants totalement introuvables, et qu'il s'agit de machines ayant été construites en grandes séries, ce n'est pas un problème de la même ampleur que pour ce genre d'appareil-ci !

La conclusion de cette aventure serait donc ceci : si la nécessité d'un magnétophone à bandes (similaire en fonctionalités et performances) se faisait sentir, il vaudrait mieux opter pour une machine plus courante. Que ce soit de Revox (par exemple une des déclinaisons du B77, bien plus disponible car construit en plus grandes séries) ou même un appareil japonais : car Technics, Pioneer, Akai, Sony, ... et d'autres ont construit d'excellents magnétophones à bandes.
Bien entendu, la comparaison ne tient pas totalement avec ce Revox haut de gamme, point de vue performances (encore que...), mais ce matériel japonais est tout de même très valable. Et, très souvent moins difficiles à réparer car ce sont des modèles construits en très nombreux exemplaires. Les épaves ne manquent pas (pour récupération de pièces), et les composants ont été beaucoup plus courants, et diffusés en plus grand nombre, que pour ce genre de machine-ci.

© Radiocollection.be,  Thierry Magis 2023-2024.


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