Un bon modèle de magnétophone de chez Revox : le A700.
Moins connu que les célèbres A77 et B77 de la marque,
cet appareil a été commercialisé à partir de 1973.
C'est une belle machine,
haut de gamme, une magnifique conception mécanique et électronique.
Celui-ci a une panne, il va falloir l'examiner.
Heureusement les manuels techniques et schémas sont disponibles sur
Internet, et ici il y a
même la version papier avec l'appareil. C'est indispensable pour
dépanner un
tel engin, car il est d'une certaine complexité...
De même, après quelques recherches sur le web (pour
conseils et avis), des informations intéressantes sur les points
faibles de ces appareils ont été trouvées, principalement sur des
forums en allemand. Cela sera utile pour la
restauration de celui-ci.
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Eh bien, quel est son souci à ce gros monstre ?
Il ne
fonctionne plus en lecture et passe directement en arrêt après avoir
lancé la fonction.
Par contre le rembobinage (dans un sens comme dans l'autre) fonctionne
convenablement.
Vu qu'il ne tourne plus en lecture, pas plus de tests ne
sont possibles (audio, etc...). Mais tout cela était ok avant qu'il ne
tombe en panne.
Le voila sur l'établi pour autopsie...
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Le panneau de commande est bien complet et inclut même
une petite table de mixage audio.
Les boutons de commande des fonctions sont électriques,
et équipés avec des petites ampoules s'allumant quand la fonction est
en cours.
Les 3 boutons à droite servent à sélectionner la vitesse de défilement
de la bande (9,5, 19 et 38cm/s). Celui de la vitesse choisie s'allume
quand la
vitesse est bien atteinte et stable.
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A l'arrière, vue sur les connecteurs d'entrées et
sorties audio. Des fiches DIN et des RCA sont installées.
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Une fois le panneau arrière enlevé, on découvre
l'intérieur. C'est pas mal rempli !
Le gros moteur d'entraînement du cabestan est visible et
celui de gauche (bobine) aussi. Celui de droite (bobine) est caché par
le sélecteur de tension secteur.
La "boîte" de droite contient les circuits audio et
leurs nombreux potentiomètres d'ajustages.
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Une fois le panneau supérieur enlevé, un gros
radiateur avec 3 transistors Motorola est visible. Ces 3 composants
servent à réguler le courant dans les 3 moteurs, en étant commandés par
leurs régulations respectives.
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Oh, un précédent dépannage !
Un redresseur d'origine a
été remplacé par un BY164 (boîtier vert) sur la platine d'alimentation.
Trois condensateurs électrolytiques (deux visibles sur la photo) ont
été changés aussi. Derrière la platine d'alimentation, près du relais,
des condensateurs "blocs" jaunes sont visibles, plus récents que la
construction de cet appareil.
Ceci semble être les seuls dépannages réalisés dans
cette
machine, tout le reste est d'origine à première vue.
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Vue rapprochée sur le moteur de cabestan.
En fait, le souci est à ce niveau : il ne tourne plus...
Fatalement, la lecture ne peut alors plus fonctionner.
Les deux autres
moteurs ont leur propre régulation basée sur la tension de la bande et
sont indépendants de la régulation de ce moteur-ci. Cela explique que
les fonctions de rembobinage sont encore ok alors que la lecture ne se
fait plus.
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Voici le schéma de la régulation du cabestan.
Ce moteur contient un enroulement tachymétrique, donnant
ainsi un retour précis de sa vitesse de rotation.
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IC1 met en forme le
signal issu de cet enroulement, afin d'obtenir des signaux
rectangulaires
proportionnels à la vitesse de rotation.
Le premier ampli opérationnel filtre ce signal tachymétrique, et
l'amplifie.
Le second ampli opérationnel (et ses composants connexes)
constritue un redresseur, transformant les signaux sinusoïdaux en
rectangulaires.
Ces signaux vont être appliqués sur la broche 10 du
circuit IC2, un
TDA1000 spécialement développé pour Studer.
Ce
circuit contient une horloge à quartz très précise,
et les 3 sélecteurs de vitesse y sont raccordés sur des entrées. C'est
en fait un régulateur, comparant les signaux tachymétriques provenant
de IC1 avec sa
référence interne (dépendant de la vitesse choisie), et ainsi sortir
des
impulsions de correction en fonction de la dérive entre la vitesse
réelle et celle voulue.
Quand cette synchronisation est bonne, une sortie
(broche 5) du TDA1000 devient active, permettant l'allumage de la lampe
témoin du bouton de la vitesse choisie.
La
sortie (broche 7) du TDA1000 va alors piloter l'électronique de
régulation du
moteur, qui contient deux transistors (circuit transformant les
impulsions en signaux d'une autre forme) et IC3, un TCA561. Ce circuit
intégré a
également été développé pour Studer.
Le TCA561 est totalement introuvable de nos jours, le
TDA1000 "un peu" moins. A noter qu'une version de cette régulation
utilise 6 circuits TTL standards en lieu et place du TDA1000...
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Première chose à tester : l'enroulement tachymétrique et
sa circuiterie sont-ils toujours ok ?
La probe de l'oscilloscope est mise en contact avec la
broche 1 de IC1 : sortie de l'ampli-op ou l'on doit trouver des signaux
carrés allant au TDA1000.
Pour le test, il suffit de faire tourner le moteur à la
main et observer l'écran de l'oscilloscope...
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Des beaux signaux bien marqués et au bon niveau (5V)
sont présents, toute cette partie est encore fonctionnelle. C'est déjà
cela...
Essai suivant (sans photos) : test du TDA1000. Son
horloge fonctionne bien, mais sa sortie régulation (broche 7) reste en
permanence
à zéro : il s'y trouve 0,3V tandis que sur la broche 8 (sortie
inversée) il se trouve 3,2V : ce n'est pas normal et laisse même
supposer un souci dans l'IC.
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Démontage de la platine de régulation cabestan.
Les trois IC sont visibles et montés sur supports. Les 3
sélecteurs de vitesse sont montés sur cette platine, ce sont des
entrées du TDA1000. Les lampes témoins sont allumées par cet IC si la
vitesse est bonne.
3 condensateurs électrolytiques Frako (oh que je ne les
aime pas...) sont présents pour découplage des tensions d'alimentation.
Mais surtout, il se trouve ici nombre de ces horribles condensateurs
rouges
"perle" au
tantale (oh que je les déteste !) dans les différents circuits.
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Et cela n'a pas raté : un des condensateurs tantale (C9)
est
en court-circuit franc.
Et, bien sur, il est monté sur une des sorties du
TDA1000 (broche 5, sortie Sync)... Aïe !!
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Après remplacement des condensateurs tantale sur cette
platine, l'essai
suivant est plus radical.
Extraction du TDA1000
hors de son
support, puis remise sous tension : le moteur du cabestan démarre !
Bien sur pas à la bonne vitesse, mais il tourne...
Il semble donc que le TCA561 soit ok, l'électronique de
puissance du moteur aussi, et que seul le TDA1000 soit mort.
Vérifions cela par un autre test...
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Sur la platine se trouve un point de test, destiné au
réglage de la régulation.
Ce point de test est connecté à la sortie du
TDA1000 via une résistance. Cet IC étant enlevé, l'idée est d'envoyer à
cet endroit un signal pour voir si la régulation du TCA561 agit encore.
Pour cela, connexion de la sortie du générateur de signaux à ce point
test (à ne faire qu'avec le TDA enlevé !)
Sur la photo ci-contre les deux "grips" sont visibles,
pour acheminer ces signaux de test au bon endroit sur la platine.
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Le test en cours. Le générateur sort des signaux carrés
0-5V d'amplitude, autour de 800Hz.
L'oscilloscope est connecté à la broche 1 de IC1 (comme
pour le premier test, voir ci-dessus) afin de voir les signaux
provenant de la bobine tachymétrique. Ces signaux sont bien visibles
sur l'oscilloscope.
Et cela fonctionne ! En changeant la fréquence des
impulsions, la vitesse du moteur varie légèrement, et il accélère lors
de l'arrêt de l'envoi des impulsions.
A ce stade, il est donc possible d'écarter une panne
dans le TCA561 et la circuiterie de pilotage du moteur. C'est la
régulation qui est hors-service suite à la défaillance du TDA1000.
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Voici donc le coupable de la panne...
Sa destruction a probablement été provoquée par le
claquage du condensateur tantale C9.
Très, très difficile à trouver.
Heureusement il y a les
amis : quelques mails envoyés, et une semaine après un circuit de
remplacement arrivait dans la boîte aux lettres ! Merci à Jan et à
Marc !!
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Maintenant, tous les condensateurs polarisés
(tantales et électrolytiques) sont remplacés par des Panasonic série
FC, d'excellente qualité.
Ci-contre, la platine restaurée avec le TDA1000 de
remplacement installé sur le support.
Important !... et non visible sur la photo : il
faut absolument remplacer le potentiomètre ajustable (valeur
250Ω) de
stabilisation vitesse.
Ce composant est un modèle "Ruwido" sur support bakélite, prêt à
provoquer pas mal de mauvais contacts ! Si le curseur ne touche plus la
piste carbone, il est impossible d'obtenir la vitesse élevée stable.
Pour les 2 autres vitesses "cela peut encore aller"...
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Je ne suis pas un adepte du "recapage" intégral quand il
n'est pas nécessaire.
Mais ici tous ces condensateurs ont 50 ans. Et, vu la
difficulté de trouver les circuits intégrés spéciaux, il n'est pas
question de prendre le moindre risque à conserver de ces composants
anciens, pouvant provoquer des pannes plus importantes par leurs
défectuosités.
Un test par échantillonage a été fait lors de
l'enlèvement des
anciens condensateurs tantale sur les deux cartes de régulations
moteurs : au moins la moitié ont changé de valeur.
Un seul était finalement en court-circuit ici, ce qui a probablement
fait
claquer le TDA1000, mais la plupart des autres ne sont plus très
vaillants. Et tout cela ayant le même âge et le même nombre
d'heures de
fonctionnement, ne prenons pas le moindre risque. Surtout au prix
de
quelques petits condensateurs électrolytiques de qualité...
La carte de régulation des moteurs porte-bobines a été
rénovée aussi : nouveaux condensateurs remplaçant les tantale et les
électrolytiques. Et les deux transitors BC108C montés en sortie des
TCA561 ont été remplacés par des BC546, tenant 80V de tension
collecteur émetteur, contre 30 pour les BC108. Et comme ici cela
travaille sous 24V DC, autant se prémunir d'une panne possible -
surtout avec le risque de détruire un de ces circuits intégrés
introuvables... Pas de photos de cette carte après rénovation.
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Toujours une petite appréhension au moment de remettre
sous tension...
Mais cela fonctionne au premier coup ! Ouf !
Ici, lors de la photo, lecture d'une bande enregistrée à
9,5cm/s. Les témoins des boutons de sélection de vitesse s'allument
bien, indiquant la parfaite régulation.
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Maintenant que la partie "moteurs" est en ordre, passons
à la rénovation des cartes de la partie audio.
Il faut enlever la tôle de fond pour pouvoir les
démonter. Les axes des commutateurs peuvent rester en place, ils sont
emboîtés dans les bases de ces commutateurs, soudées sur les circuits
imprimés verticaux.
Toutefois, pour plus de facilité au démontage, j'ai ôté les petits
circlips qui maintiennent ces axes en position derrière la face avant.
(photos ci-dessous, au remontage)
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Voici les platines audio avec les condensateurs tantale
remplacés par des électrolytiques de qualité (Panasonic FC).
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Prêtes pour le remontage dans l'appareil...
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Le démontage n'avait pas été drôle (pas de photos) et
laissait présager un remontage assez éprouvant.
Et ce fut le cas ! Il faut remettre en place tous
les
connecteurs, puis insérer cet ensemble dans le châssis de l'appareil...
Et, en même temps, faire coïncider tous les axes des
commutateurs dans
les mécanismes, qui sont soudés sur les circuits imprimés.
Opération à faire en étant bien zen et détendu, cela ne
"va" pas au premier coup... Ni au second, d'ailleurs !
Drôle de conception de la part de Studer / Revox... Ou bien il y a une
astuce que je n'ai pas devinée !
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Pour avoir plus facile d'extraire l'ensemble
électronique, les circlips sur les axes des commutateurs ont été
enlevés.
Après remontage, il faut bien sur les remettre en place
pour éviter que les axes ne "partent" dans les commutateurs à
l'intérieur de l'appareil.
Une fois cela fait, la face avant peut être remise en
place. Ensuite, tous les boutons sur les axes.
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Voici la platine d'alimentation.
Celle-ci comprend 4 électrolytiques Frako de 2200µF
(40V, 16V et 25V) ainsi que 3 tantales de faible capacité.
Outre ces condensateurs, les ponts redresseurs d'origine sont un peu
"justes" point de vue tenue en courant : un des trois a d'ailleurs été
remplacé lors d'un dépannage précédent.
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Côté pistes on voit un "coup de pétard" bien noir.
Et
pourtant cela n'est pas causé par cette partie de l'appareil !
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Un
des condensateurs de la platine relais a du claquer,
d'origine c'était de ces composants transparents pour usage en
alternatif, qui deviennent mauvais et explosent. La trace noire sur le
circuit d'alimentation est de la matière de l'ancien condensateur, qui
est monté à proximité.
Ici ils ont tous été remplacés par des "blocs" jaunes,
lors
d'un dépannage précédent par l'ancien proriétaire.
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Voici la platine remise en état avec les nouveaux
condensateurs.
Les 3 ponts redresseurs 50V/800mA d'origine sont
remplacés par des modèles 400V/1,5A actuels. Ici aussi, simplement par
sécurité pour l'usage futur de cet appareil.
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La platine d'alimentation est en place.
Pour le premier essai, il vaut mieux ne pas connecter le
reste de l'électronique, au cas ou... Il suffit, pour cela, de laisser
les connecteurs débranchés.
Lors de ce test, le +5V est chargé par une résistance de
47Ω et le +24V
par une 2,2kΩ.
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Toutes les tensions sont bonnes, sauf le +5V qui est un
peu
haut (5,3V).
Ça, j'aime pas. Cette tension alimente toute la partie
logique de l'appareil, dont les circuits intégrés
spécifiques Studer de la commande des moteurs. Bien sur ce n'est pas
énorme comme "surtension", mais...
Comme cela
alimente des composants devenus bien rares, vérifions ce qui se
passe...
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Voici le schéma de la régulation +5V et +12V.
Cette section 5V de l'alimentation est basée sur les
transistors Q1, Q2 et Q3.
Mais la régulation se fait sur base de référence du
+12V, par le pont
diviseur à résistances R3 et R4. Dans un sens c'est bien car si le +12V
est absent il n'y aura pas non plus de +5V. Mais à coté de cela, cette
alimentation 5V peut aussi dériver si jamais le 12V est instable ou
hors tolérances.
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A l'époque, une panne dans cette alimentation aurait
aussi causé d'autres dommages : mais c'était réparable puisque tous les
composants étaient encore disponibles facilement. Si ce point de vue
était conçevable en 1973, ce n'est plus le cas 50 ans après.
Cette section de
l'alimentation mérite d'être revue, par sécurité pour l'usage futur.
Tout en réfléchissant un peu avant d'agir !
Car
si Studer a pris le soin de lier la partie +5V à la présence du +12V,
c'est qu'il y avait une bonne raison. Et elle est facile à comprendre
puisque la régulation des moteurs fait appel au +5V pour la commande
logique & correction de vitesse cabestan, ainsi qu'au +12V pour la
régulation des moteurs elle-même. En cas de soucis sur
le +12V, la régulation pourrait faire n'importe quoi (ou plus
vraisemblablement ne plus fonctionner du tout) : il vaut mieux
dans ce
cas ne
plus avoir de commande logique, et le plus simple pour
cela est de couper l'alimentation de la partie logique en faisant
disparaître le +5V !
L'idée est de placer un régulateur de tension actuel
(7805 ou plus récent), ainsi la régulation serait stable
(indépendamment du +12V), en remplacement des composants discrets, tout
en conservant la surveillance du +12V.
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Voici le schéma avec la modification de la régulation 5V.
Les
transistors Q1, Q2 et Q3 d'origine sont conservés mais utilisés
maintenant comme commutateurs. Quand le 12V est présent, Q1 devient
actif et met en conduction Q2 et Q3 : la tension redressée et filtrée
(diminuée de 0,7V, Vce de Q3 saturé) est alors présente à l'émetteur de
Q3. Il faut
supprimer D3, D4 et D5. La résistance R5 devient 820Ω et R3 devient
1,5kΩ.
Il faut alors insérer un régulateur type 7805 entre l'émetteur de Q3 et
la piste allant au connecteur. L'entrée du 7805 est découplée par un
condensateur de 47nF et la sortie par un 220nF.
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L'alimentation modifiée.
Le régulateur 7805 a pris place sur la cornière en
aluminium, en étant isolé de celle-ci. Ses pattes sont légèrement
allongées avec des fils de connexion (isolés). Les deux condensateurs
de découplage ont pris place sur le circuit imprimé.
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La cornière alu est montée contre le gros refroidisseur
du dessus de l'appareil : elle sert non seulement de support mais aussi
de conducteur thermique pour les transistors de régulation.
De ce fait, il est donc important que la tête de la vis
de fixation du régulateur ne dépasse pas de cette cornière, qui doit
être parfaitement contre le refroidisseur. Usage d'une vis à tête
cônique, et d'un percement avec fraisage. Un coup de lime par dessus
tout pour ôter les aspérités et rendre tout cela bien plat...
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Après remontage et test de l'alimentation, remise en
état de la partie puissance des moteurs.
Sur les trois petites platines (une par moteur),
remplacement des redresseurs par des plus solides (1000V / 1,5A contre
400V / 0,8A d'origine).
Sur la platine du moteur bobine gauche, il restait un de
ces condensateurs Rifa 0,47µF ... Houlala ! Heureusement il n'a pas
claqué ni
explosé,
mais le plastique commençait à se fendiller, ce qui annonce la fin de
vie de ce composant. Remplacement sans hésitation par un nouveau !
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Les condensateurs moteurs d'origine sont vissés sur le
refroidisseur. C'est une configuration qu'il est préférable d'éviter
tout de même puisque cette plaque qui sert de montage... chauffe. Ce
qui n'est jamais fort bon pour la santé des condensateurs, d'autant que
les nouveaux sont en enrobage plastique.
Usage de prolongateurs
taraudés M8 et de petits boulons (en fait des grands, recoupés à bonne
longueur) pour
monter les nouveaux condensateurs
à distance du refroidisseur.
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Les 3 nouveaux condensateurs moteurs sont installés, à
bonne distance de la chaleur. Il a fallu remplacer leurs fils de
connexion par des plus longs, mais ce n'est pas un gros problème !
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Un test de durée avec une bande enregistrée. Lecture,
rembobinage, avance rapide, ...
Tout semble ok à ce niveau et le plus gros du boulot est
fait sur cet appareil.
Mais c'est pas fini pour autant ! Il reste encore
quelques démoniaques
condensateurs au tantale un peu partout, notamment au niveau des
capteurs de
tension de bande et platines d'égalisation des signaux.
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Pour accéder aux modules de mesure de tension de bande
et de vitesse, il faut démonter la face avant.
Rien de bien compliqué, quelques vis, les rouleaux de
tension de bande et le galet du cabestan à enlever pour pouvoir ôter la
tôle...
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Le module de mesure de la vitesse de défilement de la
bande contient deux condensateurs au tantale.
Ils n'étaient pas (encore) mauvais, mais vu qu'ils ont
le même
âge et le même nombre d'heures de service que les autres, autant ne pas
prendre de risque !
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Retour à l'arrière de l'appareil avec les platines
d'égalisation des niveaux sonores.
3 platines ici : une avec l'oscillateur d'effacement
(au-dessus) ; une avec le préampli d'enregistrement (au milieu) et
enfin celle avec le préamplificateur de lecture (en-dessous).
Ces trois platines comprennent aussi des condensateurs
au tantale, pas seulement en découplages d'alimentations, mais aussi en
couplages sur le signal audio.
Etant donné Le grand nombre de ces condensateurs défectueux déjà
trouvés dans cet appareil (dont plusieurs en court-circuit franc), ici
aussi le remplacement s'impose...
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A gauche le préampli de lecture et à droite
l'oscillateur d'effacement et prémagnétisation.
Sur cette platine, les 6 ajustables permettent de régler
les niveaux de prémagnétisation pour chaque canal et à chaque vitesse
de défilement de la bande.
Lors des interventions sur ces platines, il faut faire très attention à
ne pas faire bouger les réglages de ces ajustables, au risque de devoir
refaire l'étalonnage ! Mais en fait ces ajustables sont mauvais,
le constat sera fait quelques jours plus tard...
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Un des deux vu-mètres ne fonctionne plus.
Sur la platine d'amplification pour leur commande,
contrôle de l'arrivée des signaux sur l'ajustable (ci-contre). OK.
Ensuite,
vérification sur la sortie de la platine, allant au vu-mètres, le
signal amplifié est bon
aussi.
Aïe !!
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Démontage des vu-mètres (qui sont installés dans un seul
bloc d'ensemble) et hélas, hélas, constat du bris du mécanisme du
vu-mètre de
droite. La pièce mobile, supportant l'aiguille, est détachée du cadre
mobile... Cela semble être une panne récurrente de ces appareils.
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Une recherche sur le web permet de se rendre compte que
cet ensemble de vu-mètre n'est pas courant. Au moment de ce travail, un
était en vente au prix de 280€...
Dans mon bazar se trouve 3 vu mètres de la même marque "Bertram" et
dont les cadres mobiles ont la même résistance que ceux d'origine.
Hélas les dimensions des cadres mobiles ne sont pas identiques... Il va
falloir retrouver un ensemble d'origine ou se résoudre à installer un
modèle à LED (reconstruit pour ce type d'appareil et disponible en
Allemagne).
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Vient maintenant l'essai en enregistrement.
Et encore un problème... En mode "input" les deux
signaux (gauche et
droit) passent bien vers la sortie. Mais en mode "tape" (écoute de
l'enregistrement), seul le canal gauche passe...
Par contre, avec le sélecteur du dessus, en mode L
(canal gauche vers les deux sorties) le signal de la piste gauche est
bien envoyé vers les sorties droite et gauche.
Pas bon,cela... Le canal droit ne s'enregistre donc pas.
Les circuits d'amplification et traitement des signaux pour
l'enregistrement étant spécifiques, voyons voir ou cela se passe...
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Mesure à l'oscilloscope directement sur les broches de
la tête
d'enregistrement : strictement aucun signal n'arrive sur un des deux
enroulements. La tête est intacte, heureusement.
Le manuel de schémas est très bien fait et permet de
suivre les signaux. Ceux allant à la tête d'enregistrement
proviennent de la carte de prémagnétisation, ou le signal 150kHz est
mélangé au signal audio.
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Ci-contre, le schéma avec l'arrivée signal à
enregistrer (Y3-REC L), et le mélange avec la prémagnétisation (par le
transformateur). Le mélange est envoyé vers la tête d'enregistrement.
Un FET (entouré en rouge ci-contre) permet de court-circuiter le
signal audio si le canal ne doit pas être enregistré. Il y a deux
boutons (avec témoins rouges) prévus pour cela.
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Quand cela ne doit pas rater, cela ne rate pas...
Un des deux FET est claqué, court-circuit franc entre
drain et source ! Des vieux modèles à canal P en plus (pas les plus
simples à trouver), type P1087E.
Dans l'attente de recevoir des équivalents (à nouveau
merci à l'ami Marc !), il peuvent être simplement enlevés pour les
essais suivants. Il ne sera simplement plus possible de ne pas
enregistrer une des deux pistes, les deux seront en permanence actives.
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Après enlèvement des FET, le canal droit enregistre,
mais faiblement.
Les mesures sur les cartes de préampli et de
prémagnétisation ne sont pas faciles à faire, car logées dans la
"boîte" de blindages, et l'une au-dessus de l'autre.
Ici placement de deux fils sur les entrées signaux
provenant de la préamplification, sur la platine de prémagnétisation.
Mesure, et ces signaux sont tout à faits bons, équivalents en amplitude
(essai à 1 et 10kHz).
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Du signal arrive bien maintenant au canal droit de la
tête d'enregistrement, mais toujours faible : tant le signal audio que
celui de la prémagnétisation.
Par canal, on trouve 3 potentiomètres permettant de
régler la prémagnétisation : un par vitesse.
La sélection se fait par des portes logiques TTL.
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Le signal de prémagnatisation est issu du même
générateur que celui d'effacement, et a une fréquence de 150kHz.
Bien propre et stable, pas de souci à ce niveau.
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Chaque potentiomètre de filtre est donc sélectionné par
vitesse, pour pouvoir ajuster précisément la prémagnétisation par piste
et vitesse : d'où les 6 potentiomètres.
Regardons le signal à chaque curseur de ces
potentiomètres et aux différentes vitesses (en mode enregistrement bien
sur). Canal gauche c'est logique, le signal est différent à chaque
curseur pour chaque vitesse. Sur les curseurs correspondant à la
vitesse choisie le
signal est plus faible, et maximal sur les curseurs non sélectionnés...
Normal.
Par contre, canal droit ce signal est très
affaibli quelque soit la vitesse choisie...
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N'y aurait-il pas un souci dans les commutations sur
cette platine ? Circuit intégré TTL défectueux ou autre raison...
Pour le savoir, et mesurer simplement sans aller
"promener" une sonde de multimètre un peu partout (accès difficile),
connexion de 8 LED
pilotées chacune par un simple transistor NPN. Cela fait partie de mon
petit
système d'essais.... Bien sur il faut connecter aussi les masses
ensemble (magnétophone et affichage), les LED étant alimentées par une
source externe.
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La carte de prémagnétisation est remise en place dans
l'appareil, avec les petis conducteurs soudés côté pistes (aux sorties
des portes TTL) et allant vers l'affichage LED.
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Les LED indiquent des signaux logiques tout à fait
cohérents. Il faut faire l'essai à chaque vitesse et en sélectionnant
alternativement canal gauche, canal droit, et les deux ensemble. On
peut maintenant éliminer un souci à ce niveau.
Ci-contre, les
commutations pour les
deux canaux actifs ensemble et à la vitesse maximale.
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Tout semble donc bon au niveau des commutations, mais
les potentiomètres de réglage de cette carte sont en bien mauvais état
! Ici aussi des "Ruwido" à support bakélite. Certains curseurs ne font
en fait plus contact du tout !
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Cela aurait du me "sauter" aux yeux lors des
manipulations précédentes de cette platine, mais voila...
De prime abord, la logique fut suspectée car ce qui était mesuré le
laissait penser... C'est aussi cela le dépannage et la recherche
d'erreurs !
Bref, remplacement des anciens ajustables par des nouveaux,
voici qui est fait... Hélas cela signifie devoir refaire le réglage des
pré-magnétisations, comme décrit dans le manuel.
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Tant qu'à avoir à nouveau cette carte sur l'établi,
profitons-en pour y remettre les P-FET de remplacement. Les originaux
étant difficiles à trouver, c'est des 2N5460 qui vont être installés.
Seulement le brochage n'est pas identique...
A l'emplacement des anciens transistors se trouvent en
fait 4 pastilles, deux étant prévues pour la connexion du Drain (voir
photo
annotée ci-contre) : cela permet de monter différents types de
transistors avec différents brochages. Bien pensé !
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Et voila le 2N5460 mis en place, et c'est pareil pour
celui de l'autre canal : bien que celui d'origine était toujours ok,
j'ai préféré placer deux transistors identiques.
Ces composants sont en effet en plein sur le "trajet"
des signaux vers les deux canaux de la tête d'enregistrement. Autant
avoir la meilleure symétrie possible.
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La platine de préamplification d'enregistrement étant
aussi "farcie" de ces ajustables Ruwido, décision de les remplacer
aussi pour éviter bien des soucis dans le futur.
Avant démontage, mesure des résistances des anciens
entre curseur et chacune des extrémités.
Ceci permet de positionner les nouveaux assez proches
des valeurs des anciens, et de repartir avec des réglages proches de
ceux qui étaient déjà faits.
Car il a fallu reprendre les réglages d'enregistrement
et pré-magnétisations pour chaque vitesse. Hélas pas de photos prises
pendant cette étape, car concentration et attention maximale : donc
oubli de l'appareil photo ! Ces réglages sont bien décrits dans le
manuel.
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Cela n'a pas été sans mal !!
Enormément d'heures consacrées à la remise en ordre de
ce monument suisse !
Photo ci-contre, prêt pour un test de durabilité : enregistrements
multiples et sans
interruptions, pour voir si tout tient bien le coup !
Le résultat est à la hauteur, cette machine est vraiment
excellente.
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Eh bien, un fameux paquet de composants ont finalement
du être changés !
Vu "comme cela" cela semble simple, mais cette machine
ne l'est pas du tout. La remise en état, qui ne fut pas ici un bête
"recapage" (comme on le lit sur le net maintenant...), mais fut bien un
vrai dépannage de plusieurs soucis cumulés.
Recherches, lecture des documentations, analyse des schémas, et
compréhension du fonctionnement de cette machine complexe :
indispensable avant toute intervention !
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Il y a tout de même une question à se poser avant de se
lancer dans une telle restauration.
Cela en vaut-il la peine ?
- Oui, car c'est une excellente machine.
- Oui, car elle peut encore fonctionner
longtemps.
- Oui, car ses performances sont exceptionnelles.
Mais... le travail de remise en état est tout de même
conséquent - tant en nombre d'heures à y consacrer que point de vue
impact sur le système nerveux ! De plus, le coût de la quantité de
composants à remplacer n'est pas négligeable non plus.
Et enfin, il faut garder à l'esprit
que la conception de ces appareils date du début des années 70, les
composants aussi.
Et cet âge est tout le problème !
- Ici la trouvaille d'un
TDA1000 de remplacement a été une chance inouïe, si cela avait été un
TCA561
claqué, l'appareil
n'aurait pas pu être redémarré faute de trouver ce composant
spécifique, qui
n'a aucun remplaçant "équivalent" connu. Ces circuits intégrés TDA1000
et TCA561 ont été
conçus et fabriqués à l'époque pour Studer / Revox et ne sont
bien entendu plus disponibles depuis longtemps.
- Le
souci est le même avec les vu-mètres quasi introuvables : cela
n'empêche pas le
fonctionnement en lecture, mais en enregistrement c'est déjà plus
problématique. Il faudra s'en passer ou se rabattre sur une solution
avec un ensemble de reconstruction (avec LED) de fabrication
contemporaine.
- C'aurait été la même chose s'il
avait fallu de ces circuits intégrés amplis opérationnels TBA931
utilisés dans les circuits audio, plus
fabriqués depuis des décennies. Il est possible de placer des
composants plus modernes, mais cela demande adaptation des
circuits connexes.
- Sans parler des potentiomètres à curseur, en
plastique, qui parfois
nécessitent le remplacement, mais ici aussi avec la difficulté pour
retrouver des modèles similaires point de vue dimensions...
- Et enfin, coup de bol ici, pas de soucis
mécaniques ! Car les pièces ne doivent pas être faciles à trouver
non plus...
Dès lors, vu la très grande difficulté
d'approvisionnement de certaines pièces, et le travail très
conséquent
de rénovation, la question de la remise en état de ces rares et
anciennes
machines se pose. Bien sur, c'est le cas de tous les appareils
électroniques anciens, mais à partir du moment ou ils ne comportent pas
de composants totalement introuvables, et qu'il s'agit de machines
ayant été construites
en grandes séries, ce n'est pas un problème de la
même
ampleur que pour ce genre d'appareil-ci !
La
conclusion de cette aventure serait donc ceci : si la
nécessité d'un magnétophone à bandes (similaire en fonctionalités et
performances) se faisait
sentir, il vaudrait mieux
opter pour une machine plus courante. Que ce soit de Revox (par exemple
une des déclinaisons du B77, bien plus disponible car construit en plus
grandes séries) ou même un appareil
japonais
: car Technics, Pioneer, Akai, Sony, ... et d'autres ont construit
d'excellents
magnétophones à bandes.
Bien
entendu, la comparaison ne tient pas totalement avec ce Revox haut de
gamme, point de vue performances (encore que...), mais
ce matériel
japonais est tout
de
même très valable. Et, très souvent moins difficiles à réparer
car
ce sont des modèles construits en très
nombreux exemplaires. Les épaves ne manquent pas (pour récupération de
pièces), et les composants ont été beaucoup plus courants, et diffusés
en plus grand nombre, que pour ce genre de machine-ci.
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