Voici ma première réparation d'un auto-radio à lampes.
Un Cristal-Grandin (France) de 1953, pouvant fonctionner
sous 6 ou 12V...
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Le morceau visible est installé dans tableau de bord, et
contient la partie
radio seule .
AM uniquement, bien sur... En 1953 la FM n'était qu'au
tout début et pas encore adaptée pour la réception en voiture.
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Le même élément, vu du dessous. Un câble en sort, avec
une fiche multipôles à son bout.
Ce poste étant totalement à lampes, il lui faut une
alimentation externe et il n'est pas possible de placer tout cela dans
un boîtier de taille aussi réduite...
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Voici l'autre morceau de cette radio.
Ce bloc est destiné à être placé sous le tableau de bord
et contient l'alimentation avec son élévateur de tension, ainsi que
l'amplification basse fréquence.
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Les deux morceaux de cet appareil, l'un à côté de
l'autre.
A la radio se connecte bien sur l'antenne, et au bloc
alim-ampli se connecte l'alimentation provenant de la batterie, et le
haut-parleur.
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La plupart des pannes étant souvent dans le
convertisseur de tension et
dans l'amplification, commencons par le bloc contenant ces unités.
4 lampes s'y trouvent : une redresseuse deux
alternances, deux pentodes
de puissance (push-pull) et une triode déphaseuse. Le gros tube
contient un
vibreur mécanique, qui oscille et produit ainsi un découpage de la
tension continue. La tension sortant du vibreur alimente le primaire du
transformateur
élévateur, à gauche sur la photo ci-contre.
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Côté composants, pas mal de vieux condensateurs,
certains ont coulé. Le rouge est plus récent, sans doute un dépannage,
dans le temps...
Avant même de remettre sous tension, il faut prévoir le
remplacement de ces composants.
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Une autre vue, avec le transformateur de sortie audio à
l'avant plan.
La construction est bien sur plus serrée que dans une
radio "de salon" de la même époque : la place était limitée sous les
tableaux de bord !
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Encore une autre vue avec le transformateur
d'alimentation à l'avant plan.
Ce transformateur est particulier puisque son primaire
n'est pas prévu pour un réseau secteur alternatif 110 ou 220 Volts,
mais est constitué d'un enroulement à point milieu, basse tension. Cet
enroulement est alimenté par la tension alternative produite par un
vibreur.
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Les composants de remplacement sont rassemblés. Il n'y a
plus qu'à faire
chauffer le fer !
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Voila, les vieux composants douteux ou carrément mauvais
sont remplacés.
Les autres composants (résistances, transfos, lampes...)
sont
testés avant la remise sous tension, bien sur...
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Il vallait mieux ne pas
réemployer ces composants, rien que leur aspect extérieur en dit long
sur leur état...
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Dans ce genre d'appareils se trouve donc un vibreur
mécanique.
Il s'agit finalement d'un relais dont la bobine est
alimentée
périodiquement, par un des contacts.
Voici le vibreur qui était installé d'origine dans cette
radio.
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Ci-contre, le schéma simplifié d'une alimentation d'un
auto-radio avec un vibeur, câblée comme celle de l'appareil en cours de
dépannage.
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A la mise sous tension, la bobine est alimentée, le
primaire P2 du transfo est sous tension par le contact normalement
fermé (NF). Mais la bobine du vibreur attire directement le noyau, ce
qui ouvre le
contact NF et ferme le contact normalement ouvert (NO). Le primaire P1
du transfo est alors
mis sous tension, mais au même moment la bobine du vibreur n'est plus
alimentée
puisque court-circuitée par ce contact NO. Le noyau revient alors à
sa
position de base : le contact NO s'ouvre et le contact NF se referme.
Et le cycle recommence !
La fréquence d'oscillation n'est dépendante que de la
construction mécanique du vibreur et est souvent comprise entre 200 et
300Hz.
Le gros inconvénient d'un tel système est évidemment
l'usure de ce composant : mécanique (par le mouvement permanent)
mais aussi électrique (les contacts s'usent et "perlent" avec
l'ouverture créant des petits arcs).
A noter qu'entre les fermetures des contatcs NO et NF il
y a un temps mort, qui est du à l'inertie du mouvement mécanique. La
tension de sortie est bien sur tout sauf sinusoïdale...
Au secondaire du transformateur c'est une alimentation
par redressement double alternance avec une lampe à deux diodes à
chauffage indirect. Ici c'est une 6X4 qui est utilisée, suivi d'un
filtrage classique (sur le
schéma un seul condensateur est représenté). La tension de sortie est
bien sur proportionnelle au rapport de transformation du
transformateur. Les enroulements primaires P1 et P2 ainsi que les
enroulements secondaires S1 et S2 sont
identiques entre eux.
Les schémas et manuels d'utilisation peuvent être
téléchargés en bas de cette page.
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Bien sur, ces anciens vibreurs ne sont plus
construits depuis bien longtemps.
Les semi-conducteurs permettent de recréer le
fonctionnement des vibreurs mécaniques d'autrefois, tout en ne s'usant
pas.
On peut réaliser son propre montage, ou encore acheter
des vibreurs "tout faits" chez des spécialistes, qui ont étudié des
montages de remplacement.
Voici un tel vibreur, en provenance d'une boutique
spécialisée, aux USA.
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Premier test avec le vibreur électronique (photo
ci-dessus), et lampe de
redressement enlevée.
524
Volts AC au secondaire du transfo, ce sera un peu juste une fois
redressé, mais cela montre déjà que cela fonctionne avec le vibreur de
remplacement. A noter aussi que la mesure n'est pas 100% juste ici : le
signal n'est pas sinusoïdal et n'est pas non plus à 50Hz. Et
le multimètre employé n'est pas "true RMS" : il ne "dit vrai" que pour
un signal sinus, il y a donc une erreur de mesure. Mais ici cela donne
une bonne idée du fonctionnement.
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Aspect de la tension sur un des primaires du
transformateur d'alimentation (échelle horizontale = 2ms / div) sans
aucune charge de celui-ci.
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Lampe redresseuse remise en place pour le test suivant.
La "haute tension" est chargée avec une résistance de
47kΩ / 10W et est déconnectée vers les autres lampes. On mesure 230V
DC,
ce qui est un peu faible par rapport au schéma...
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Un autre vibreur à semiconducteur, également acheté sur
un site américain.
Celui-ci n'est disponible qu'en version "circuit imprimé
seul", donc installation sur une ancienne fiche 4 pôles
(provenant d'une vieille lampe hors-service). Ce montage-ci oscille à
environ 120Hz mais ne convient pas bien pour cet autoradio-ci : la
tension continue obtenue après redressement est vraiment trop faible,
de l'ordre de 180V DC.
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Plus que temps de l'essayer avec de la musique et le
premier vibreur !
Connexion d'un haut-parleur et d'une source audio, sur
la grille de la triode de déphasage (via un condensateur d'isolement).
Il faut aussi interconnecter la masse des connexions des lampes audio à
la masse du châssis pour que cela fonctionne. En effet, cette connexion
se fait d'origine par le câble de liaison avec la radio : ainsi en cas
de déconnexion, les cathodes des lampes de puissance ne sont plus
connectées et il n'y a plus de débit dans ces deux pentodes. Bonne
conception !
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Musique ! L'ampli basse-fréquence
fonctionne, même avec une tension un peu faible.
Car ... le gros souci de ces auto-radios à lampes
est de pouvoir les alimenter correctement lors du dépannage et du test.
Mon alimentation de labo a beau être robuste et
débiter
10A (même sous 6V) sans broncher, elle n'aime vraiment pas ce type de
charge, avec les commutations du vibreur. Probablement les sur-courants
induits dans les primaires du transfo... Elle se met en protection et
la tension de sortie n'excède pas 5V !
Tous
les essais précédents ont été faits en connexion
sur cette alimentation, mais donc avec une tension d'alimentation bien
trop faible. Ce genre de poste consomme plusieurs ampères, mais avec
des pics de courant importants.
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Dès lors, il faut soit trouver une batterie 6V au plomb,
soit monter une alimentation "musclée".
Voici l'alimentation réalisée avec un gros redresseur
25A (sur dissipateur, car il chauffe !) et un
condensateur de 10.000µF. Le transfo est un 12V/100VA. L'alimentation
secteur du transfo est connectée au variac
d'atelier, ceci permet de régler la tension de sortie.
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Le câblage des connexions 6V DC d'alimentation doit être
de bonne section. Au départ réalisé en 0.75mm² pour les premiers
essais, il a finalement fallu
le réaliser en 1.5mm².
Si la tension de sortie de l'alimentation était ok, elle
était toujours trop faible au niveau du poste. Et voici déjà un
coupable !
Le porte fusible d'origine chauffe, et crée un bon volt de chute de
tension !
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Un porte fusible de type "automobile' sera bien mieux
adapté à cette utilisation.
Maintenant on a bien 6V DC arrivant dans l'appareil !
Plus de chute de tension dans le câblage. Et bien sur la haute tension
s'en ressent,
maintenant elle est à 240V DC.
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Une fois la partie alimentation et la basse fréquence en
ordre, on peut commencer la partie "radio".
Voici l'intérieur de cette partie, côté potentiomètre de
volume.
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Vue de l'autre côté, on voit le mécanisme de
l'entraînement de changement de stations.
Système de changement de fréquence à noyaux plongeurs.
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Et vue de derrière, il y a 4 lampes dans cette boîte !
Le câblage est bien compact, c'est logique, mais encore
relativement bien accessible.
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Première panne constatée : interrupteur marche arrêt
cassé... Il fait partie du potentiomètre combiné volume et
tonalité.
Ci-contre,
un autre poste
"donneur d'organes" (de marque Radiomatic mais quasi totalement
identique) qui va fournir la pièce de rechange. Heureusement, car
ce composant est tout à fait particulier et introuvable !
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Voici le potentiomètre de remplacement remis en place et
remonté. Deux vieux condensateurs de couplage basse fréquence sont
remplacés
(les composants jaunes sur la photo).
Ici aussi, montage assez "serré", il faut des "doigts de
fée" pour travailler dans ces engins !
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Alimentation convenable, bon câblage et ensemble remis
en service.
Prêt pour le test complet ! Connexion d'une antenne à la
radio... Mise sous tension...
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... et réception de deux stations en grandes ondes !
Ceci dans une
cave, et avec quelques mètres de fil en guise d'antenne. Très bonne
sensibilité de ce poste, et assez logique pour un autoradio.
Il reste encore quelques petits soucis à ce stade, mais
rien de bien grave.
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Un peu de mesure maintenant.
Placement d'un shunt de 0.1Ω en série avec le vibreur,
pour pouvoir visualiser la forme du courant dans le transformateur. La
seconde probe va servir pour l'autre canal du scope, pour voir la
tension sur un des enroulements primaire. Tout ceci en charge normale,
radio utilisée.
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Trace du dessus : la tension sur un des deux
enroulements primaire. Pas très joli comme signal !
En dessous, la forme du courant dans le transformateur
(pour les deux enroulements). L'amplitude est assez variable, et la
source d'alimentation n'est pas idéale même avec le gros condensateur.
La tension d'alimentation oscille un peu aussi, avec les pics de
courant.
L'échelle horizontale : 1ms / div.
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Lors de l'essai, la réception était présente mais avec
un bruit de "teuf-teuf" présent.
Les anciens dépanneurs nommaient cela "motor-boating" !
C'est
souvent du à des découplages mal réalisés ou défectuteux. Découverte
ici de deux condensateurs "papier" justement pris dans des découplages
(un pour les grilles écrans et l'autre pour la ligne CAG).
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Extraction des vieux composants, celui du dessous était
sur le circuit des grilles écrans et avait déjà partiellement fondu.
C'est visible aussi sur la photo ci-dessus.
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Et remplacement (nouveaux composants jaunes). Plus de
bruit de "moteur" !
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Un dernier souci est présent au niveau du connecteur
entre les deux
morceaux de ce poste : il chauffe !
En fait, dans la voiture, les deux carcasses métalliques
sont reliées à la masse. Mais ici la connexion commune se fait par le
blindage, donc la carcasse du connecteur ! Ajout d'un fil de 1.5mm²
pour créer une bonne équipotentielle entre les deux unités. Cela
stabilise bien l'alimentation de la partie "radio".
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A noter aussi : dans l'essai de réception en atelier, il
est préférable de mettre la carcasse de de poste à la prise de terre.
Cela améliore la réception et élimine certains bruits de fond.
Sur la photo ci-dessus on voit cette mise à la terre, c'est le
conducteur jaune connecté au chpâssis de l'ampli par une pince
"crocodile" rouge.
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A ce stade on peut remettre les capots sur la radio.
Un petit logement contient une ampoule pour illuminer le
cadran, elle est bien sur claquée. Il sera possible de la remplacer par
une LED blanche haut rendement...
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Et voila ! Ce poste est prêt à reprendre
du service dans une ancienne voiture, un ancêtre !
Il est à constater l'incroyable
robustesse de ces équipements anciens : âgé de presque 70 ans au moment
de sa restauration, cet appareil n'a nécessité le remplacement que d'un
nombre finalement assez limité de composants.
Bien sur, pour son nouvel usage, ce poste n'aura plus vraiment grand
chose à capter - du moins en français. La quasi totalité des stations
ont stoppé leurs émissions en AM.
Peut-être munir cet appareil d'un mini émetteur permettant de lui
envoyer de la musique provenant d'une autre source ? Affaire à suivre...
A télécharger (schémas scannés en format A3) :
Schéma de la partie radio ; schéma de la partie ampli /
alimentation. Manuel d'installation et d'emploi.
© Radiocollection.be, Thierry Magis 2020
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